Un grand nombre de postes de travail vacants et perte de capitaux investis. L'état critique du tourisme en Algérie a été mis à nu, hier, lors d'une conférence de presse animée par Mohamed Guenoune, ancien ministre et ex-ambassadeur, aujourd'hui DG et propriétaire de l'ensemble touristique «Rocher Noir» d'El Aouana dans la wilaya de Jijel. Le conférencier a énuméré toutes les difficultés que rencontre le tourisme en Algérie bien qu'il revête une activité économique lucrative, pourvoyeuse d'emplois directs et indirects, source de devises et principale source de revenus aux côtés de l'agriculture dans le domaine hors hydrocarbures. Aujourd'hui en Algérie, 17 institutions touristiques nationales et plus de 40 locales gèrent ce secteur délicat à travers pas moins de 45 directions du tourisme au niveau des wilayas. Plusieurs écoles de formation en la matière existent pour élever le niveau des prestations à un niveau acceptable sinon supérieur... Alors d'où vient ce ralentissement et ce laxisme se sont interrogés tour à tour les conférenciers? Pourtant c'est un secteur où un grand nombre de postes de travail reste vacant faute de chalands en grand nombre engendrant des pertes non négligeables de capitaux investis. Pour d'aucuns, c'est une lacune culturelle, pour d'autres c'est le financement qui manque le plus. Ce qui est certain ce ne sont pas les atouts qui font défaut ni les sites appropriés qui ne demandent qu'à être exploités intelligemment et en adéquation avec la demande du marché international actuel. C'est aussi une culture à inculquer au citoyen algérien qui, de par son hospitalité reconnue, n'aura aucune peine à se hisser allègrement au niveau des pays maghrébins et méditerranéens grâce à la multiplicité des sites du pays où l'on peut «passer d'une saison à une autre en peu de jours». En 2005, l'Algérie a accueilli à peine 3,2 millions de touristes, comparé au Maroc (10,210 millions) ou à l'Egypte (26,217 millions). Actuellement, on compte 80.000 lits en Algérie alors que le Maroc en offre 230.000 et la Tunisie 192 000 unités. En 2005, le secteur du tourisme a rapporté à l'Algérie 133 millions de dollars, 4 milliards au Maroc et 6 à la Tunisie. La différence est de taille ont relevé les conférenciers qui se disent toutefois confiants en ce secteur si certaines conditions étaient appliquées. Ils citent, pour ce faire, la création d'une association des opérateurs économiques dans le tourisme, d'une union professionnelle qui puisse identifier les faiblesses et définir les objectifs à atteindre et une adaptation à une segmentation du tourisme de masse et culturel qui fait de nos jours l'objet d'une tendance mondiale lourde. La manifestation culturelle «Alger: capitale du monde arabe» qui va se dérouler en 2007 chez nous, sera une occasion à exploiter et faire valoir les potentialités touristiques de l'algérie. Cette conférence, qui s'est déroulée au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) était co-animée par Djamel-Eddine Benabid, consultant en stratégie de développement et professeur à l'université de Lyon (France) et par Mohamed Hachmaoui enseignant en économie à l'université d'Alger.