La faiblesse du secteur touristique influe négativement sur l'activité commerciale en raison de la corrélation entre ces deux activités, ont estimé des spécialistes dimanche à Alger, lors d'une conférence de presse organisée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Les participants ont souligné que l'activité touristique vit actuellement « une situation difficile » et qu'« un grand nombre de potentialités touristiques sont inexploitées », ce qui « ne sert pas le commerce », selon ces mêmes spécialistes. L'accent a également été mis sur le potentiel touristique en Algérie susceptible d'offrir des postes de travail et relancer la dynamique touristique. Mohamed Hachmaoui, universitaire et ancien directeur général de l'école supérieure du tourisme, a indiqué que les lois régissant le secteur depuis 1999 « ne sont pas conformes à la réalité », imputant « le sous-développement » du secteur principalement à l'inadéquation de la formation qui doit être revue ainsi qu'à « l'absence d'une vision claire de développement du secteur ». « Le changement de la stratégie du secteur ne sert pas le développement du tourisme », a-t-il dit, notant que depuis l'indépendance « aucune stratégie dans ce secteur n'a été réalisée ». M. Hachmaoui a relevé que « ce secteur ne dispose d'aucune institution spécialisée dans le foncier touristique » ainsi que « l'interdépendance des intérêts entre différentes institutions, l'absence d'une banque spécialisée dans le financement des projets touristiques, la corruption au sein de l'administration et l'absence d'un climat transparent en matière d'investissement dans le secteur ». L'intervenant a proposé, à cette occasion, la création d'une instance (association ou syndicat) qui regroupe les opérateurs du tourisme. Djamal Eddine Benabid, conseiller en tourisme en France a, quant à lui, évoqué les défis touristiques dans le cadre de la mondialisation caractérisés, selon lui, par une « concurrence rude ». Il rappellera, à cette occasion, que le secteur touristique a attiré 760 millions de touristes dans le monde en 2005, et il est prévu un milliard de touristes à l'horizon 2012 et un 1,6 milliard en 2020. Le tourisme a rapporté, a-t-il poursuivi, 6500 milliards de dollars (PNB) en 2005 et crée 220 millions de postes de travail, sachant que les prévisions pour les dix prochaines années annoncent une augmentation de 4,6% chaque année. En Algérie, le tourisme n'offre que 15 000 postes de travail, ajoute M. Benabid, qui qualifie ce résultat de « très faible » au regard du potentiel touristique énorme, déplorant l'absence de « statistiques précises » dans le domaine. L'intervenant a proposé que l'Algérie axe son action sur « un tourisme ciblé et spécialisé » comme la création de fermes de produits biologiques et le tourisme culturel pour attirer les touristes car, selon les prévisions, pour les dix prochaines années, la destination Europe va diminuer. Mohamed Kanoun, propriétaire du complexe touristique Rocher noir à Laouana (Jijel), titulaire de deux prix de tourisme internationaux en 2006 (Madrid et France) a, pour sa part, affirmé qu'aucune comparaison ne peut être faite entre le tourisme en Algérie et dans les autres pays à grande affluence touristique, car, selon lui, l'Algérie a dès l'indépendance « accordé un grand intérêt au secteur de l'éducation et de l'enseignement ». Les participants ont estimé que les activités liées à « l'Algérie, capitale de la culture arabe en 2007 sera l'occasion pour les hommes d'affaires d'attirer les touristes et de se rapprocher des pays arabes. »