La mémoire des victimes de l'Holocauste rend plus indécente encore l'attitude de l'Etat d'Israël. «Israël n'est pas pressé de parvenir à un cessez-le-feu avant que nous n'arrivions au point où nous pourrons dire que nous avons atteint les principaux objectifs que nous nous sommes fixés». Cette déclaration émane du Premier ministre israélien, Ehud Olmert, au lendemain des massacres de Cana, qui ont fait une cinquantaine de morts, dont une majorité de femmes et d'enfants. Le successeur d'Ariel Sharon a donc eu son Sabra et Chatila, au point que les observateurs affirment qu'il a dépassé l'ancien Premier ministre dans ses méthodes criminelles. D'ailleurs, on a attendu le moment opportun, c'est-à-dire celui où Olmert mettait le Liban à feu et à sang, pour annoncer la «nette dégradation» de l'état de santé d'Ariel Sharon. Comme si les autorités de Tel-Aviv attendaient un successeur plus belliqueux que Sharon pour préparer l'opinion publique à sa mort. Qui est donc Ehud Olmert? Celui qui appartient à la vieille garde de la droite nationaliste israélienne, a été un fidèle disciple d'Ariel Sharon. Ancien ministre des Finances, il a été maire de Jérusalem durant une décennie (1993-2003). Une période durant laquelle il a mené la lutte pour la judaïsation de Jérusalem-Est qu'Israël a annexé après sa conquête, dans la foulée de la guerre israélo-arabe de 1967 en promouvant la construction de nouveaux quartiers. Par ailleurs, Olmert qui fut paradoxalement l'un des initiateurs du plan de retrait de Ghaza, avait en réalité un seul objectif, avant la victoire du Hamas aux élections législatives: celui d'ouvrir le front libanais, en finir à tout prix avec le Hezbollah et baliser le terrain aux Etats-Unis pour toute éventuelle intervention dans la région. Tout ceci, dans une conjoncture favorisée par la crise nucléaire iranienne et les menaces qui pèsent sur la Syrie, notamment après son accusation d'être derrière l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis ont de tout temps été les sous-traitants du terrorisme d'Etat pratiqué par Israël. Olmert est ainsi prêt à commettre d'autres carnages et en toute impunité, conforté dans son aventure belliqueuse par le silence complice de la communauté internationale. Cette dernière plus prompte à demander l'application dans l'immédiat de la résolution 1559 de l'ONU, appelant au désarmement et au démantèlement du Hezbollah, n'exhorte pas Israël à appliquer les dizaines de résolutions qu'il bafoue depuis des années. Jouissant de la protection des Etats-Unis, les gouvernements israéliens successifs ont fait fi de la légalité internationale. Le projet de résolution présenté le 5 octobre 2004 par l'Algérie, exigeant la fin de l'intervention à Ghaza de l'armée israélienne et le retrait de ses troupes, en est l'un des exemples. En effet, une opération baptisée "Jours de pénitence", tue plus de 80 Palestiniens en sept jours. La résolution algérienne est rejetée, les Etats-Unis y opposant leur veto. C'est alors la 27e fois qu'ils utilisent ce privilège pour bloquer une résolution concernant Israël et les territoires occupés. Et tout cela pour la libération d'un soldat enlevé. L'histoire s'est répétée, cette fois-ci, au Liban après l'enlèvement de deux autres soldats israéliens. Il s'agit, cette fois, pour Olmert, qui se base sur les déclarations des responsables américains et de l'union européenne d'en finir au plus vite avec le Hezbollah. D'ailleurs, le rapatriement par plusieurs pays de leurs ressortissants, fait craindre le pire et laisse supposer que quelque chose de très grave se prépare. Un génocide à huis clos n'est plus à écarter dans les tout prochains jours, estiment les experts militaires. Ehud Olmert peut se conduire en criminel de guerre. La mémoire des victimes de l'Holocauste rend plus indécente encore l'attitude de l'Etat d'Israël. Au point que la comparaison entre les crimes commis par Ehud Olmert au Liban ont fait oublier les crimes serbes sous Slobodan Milosevic et ceux perpétrés durant le règne de Saddam Hussein. Après donc la complaisance de l'ONU, c'est au tour des institutions judiciaires internationales d'assister sans sourciller au génocide libanais.