Les départements épinglés sont l'emploi, la solidarité nationale, l'éducation, l'enseignement supérieur et professionnel, le travail et la sécurité sociale. Le chômage reste toujours à un niveau alarmant. C'est ainsi que le Cnes a débuté son réquisitoire à propos de l'emploi durant l'année en cours et celle écoulée. Le taux pour la tranche d'âge 16-19 ans est, en effet, de 34,3%. Un chiffre qui, selon le Cnes, est lié directement à la non- efficience du système éducatif. Preuve à l'appui, au moment où la réussite de la refonte du système éducatif ne cesse d'être chantée sur tous les toits, le Cnes annonce un taux de déperdition scolaire qui va crescendo et qui dépassait en 2004 les 534.000 exclus. Pis encore, au sein de la formation professionnelle qui se réclame réservoir de la main-d'oeuvre, le taux d'abandon s'élève en 2005 à 68.818, soit un chiffre supérieur à celui des échecs qui est de l'ordre de 7846. C'est ce qui explique, d'ailleurs, l'insuffisance des qualifications et la demande croissante des entreprises. Ainsi, l'accès à un emploi décent, stable et bénéficiant de la sécurité sociale, notamment pour les universitaires, est plutôt un projet des plus difficiles. Pour exemple, plusieurs d'entre eux sont recrutés dans le cadre d'un contrat de préemploi avec un salaire de 6000 DA, mais, licenciés au bout de leurs stages. Selon le Cnes, le nombre de ces derniers a été multiplié par trois entre 2000 et 2005 passant de 32.323 diplômés universitaires à 103.617. Le comble, c'est que plus de 7000 autres universitaires ont accepté des emplois d'initiatives locales rémunérés à 2500 DA/mois en 2005. Cette réalité amère explique, à en croire le Cnes, l'expression de désarroi de cette catégorie de jeunes qui fait de la fuite vers l'étranger un objectif, mais qui démontre aussi une rupture réelle entre l'université et le marché de l'emploi, intoxiquant ainsi tous les secteurs de l'économie nationale. Un autre résultat plus grave : les fléaux sociaux (délinquance, drogue, prostitution, suicide...) ont atteint un degré tel qu'ils sont devenus un phénomène de société. En termes de chiffres, 64% des chômeurs se droguent, selon une enquête réalisée en mai et juin 2006 auprès de 4080 personnes dans 4 wilayas seulement. Au plan des revenus et de la répartition, le Conseil national économique et social a relevé une tendance à la hausse du PIB par habitant. Celui-ci est à hauteur de 3216 dollars Us en 2005, soit un accroissement de 22% en valeur courante. Mais, précise le rapport du Cnes, le PIB hors hydrocarbures n'est que de 1700 dollars en 2005. S'agissant des questions salariales, le Cnes pense que la détermination des salaires et leur hiérarchisation sont confrontées à plusieurs dilemmes. L'on a cité, entre autres, les besoins sociaux insatisfaits, l'exigence de résultats économiques dans les entreprises, dont plusieurs sont en difficulté, ainsi que des structures de répartition qui s'éloignent de la rationalité économique. Pour ce qui concerne la revalorisation salariale dans le secteur économique et celle du Snmg, celles-ci, note le Cnes, seront étudiées dans le cadre de la tripartite et des conventions collectives, mais en s'appuyant sur les trois critères fondamentaux que sont le taux de croissance, la productivité et l'inflation. Cette approche conforte ainsi Ouyahia qui avait basé la revalorisation salariale sur les mêmes critères. Même si ces mesures augurent d'un apaisement des tensions dans le monde du travail, demeure la question des revenus, de leur mode de détermination et de répartition, parmi d'autres affaires au coeur des préoccupations sociales. Le Cnes ne se garde pas de s'interroger ouvertement sur l'affaire des modalités de prise en charge des personnes qui ne sont ni démunies ni affiliées à la sécurité sociale. Une affaire qui suscite moult questionnements. Le nombre de cartes des démunis non assurés sociaux délivrées par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale s'élevait à 113.298 sur 137.166 dossiers réceptionnés au 31 décembre 2005. L'autre question également relevée est celle des salaires impayés qui est en étroite relation avec la non-application de la législation de travail. Ainsi, les départements défaillants doivent rendre des comptes lors des débats sur le rendement de chaque département.