Fléau n Le chômage est à l'origine de phénomènes comme la délinquance, la prostitution le suicide… Ainsi, 64% des chômeurs se droguent selon une enquête réalisée entre mai et juin 2006. Dans son rapport concernant la situation socio-économique du pays au premier semestre de l'année en cours, le Conseil national économique et social (Cnes) souligne qu'«une pression persiste toujours sur l'accès des universitaires à un emploi décent, stable et bénéficiant de la sécurité sociale ». En dépit du recul du taux de chômage enregistré ces deux dernières années, les diplômés de l'enseignement supérieur, note le Cnes, sont contraints d'accepter des emplois sans rapport avec leur niveau d'instruction et encore moins avec les besoins d'encadrement au niveau des collectivités locales. «L'accès aux dispositifs d'emploi reste un privilège. Plus de 7 000 diplômés universitaires ont accepté des emplois d'initiatives locales rémunérés à 2 500 DA par mois, expression du désarroi de cette catégorie de jeunes qui fait de la fuite vers l'étranger un objectif », lit-on dans l'analyse du Cnes. Aussi, un nombre important de ceux qui sont recrutés dans le cadre du dispositif du préemploi avec un salaire ne dépassant pas les 6 000 DA/mois sont licenciés au bout de leur période de stage pour se retrouver, encore une fois, livrés à l'oisiveté et à la misère. Chiffres à l'appui, le Cnes affirme que le nombre de ces derniers a été multiplié par trois entre 2 000 et 2005, passant de 32 323 à 103 617, tout en déplorant «l'existence d'une rupture réelle entre le marché de l'emploi et l'université, intoxiquant, ainsi, tous les secteurs d'activité de l'économie nationale ». Le taux de chômage concernant la tranche d'âge 16-19 ans, qui s'est stabilisé avant l'année 2000 autour de 60%, est actuellement estimé à 34,3%, soit une réduction de près de 50%. Ce qui est positif en soi, mais reste élevé malgré tout. Une situation qu'explique le Cnes par la non-efficience du système éducatif national qui connaît un taux de déperdition scolaire allant crescendo, ayant atteint, pour la seule année 2004, le nombre de 534 000 exclus. Pis encore, au sein du secteur de la formation et de l'enseignement professionnels, qui se réclame réservoir de main-d'œuvre qualifiée, le taux d'abandons a atteint, en 2005, le nombre de 68 818. Cette situation explique, d'ailleurs, l'insuffisance des qualifications et la demande croissante des entreprises qui sont, aujourd'hui, contraintes de faire appel à la main-d'œuvre étrangère. Par ailleurs, le Cnes estime que la difficulté d'accès à l'emploi est à l'origine de la recrudescence des fléaux sociaux (drogue, délinquance, prostitution, suicide... ) qui se sont imposés comme un phénomène de société. En effet, 64% des chômeurs se droguent selon une enquête réalisée entre mai et juin 2006. Concernant les conventions de branches, le Cnes estime que cette démarche s'impose davantage en tant qu'espace de négociations salariales dans le secteur économique, d'autant que «la raison principale des grèves dans ce secteur est le retard dans le versement des salaires».