C'est dans le sang que se forgent les liens exceptionnels. Ceux qui unissent l'Algérie et la Tunisie en sont un exemple concret. Des liens symbolisés par les événements de Sakiet Sidi Youssef. Des évènements comptant parmi les crimes coloniaux imprescriptibles à l'instar des essais nucléaires dans le Sud algérien. Des événements ayant établi une cohésion et une synergie entre les deux peuples frères, algérien et tunisien. Une union scellée par le sang, un jour de 8 février 1958 et qui s'est renforcée au fil des jours et des années. 130 années de colonisation française en Algérie ont laissé des plaies béantes. La Tunisie les aura vécues à travers les bombardements de Sakiet Sidi Youcef. Les deux pays ont réouvert, hier, une des pages les plus douloureuses de leur histoire commune pour commémorer la sauvage agression de l'aviation française qui a ciblé ce paisible village tunisien durant la Guerre de Libération nationale. Une tragédie qui témoigne d'une solidarité séculaire entre les peuples tunisien et algérien que l'armée coloniale française leur a fait sauvagement payer, dans leur chair. «L'agression sur Sakiet Sidi Youcef traduisait la situation confuse de la IVème République et la suprématie de l'idée de l'Algérie française consacrée par la décision de la France prise le 1er septembre 1956 de poursuivre les unités de l'Armée de Libération nationale (ALN) même en territoire tunisien», a écrit Djamel Ouarti, enseignant d'histoire à l'université Mohamed-Chérif Messaâdia de Souk Ahras, qui a relevé qu'entre juillet 1957 et janvier 1958, l'ALN a mené 84 opérations sur la frontière algéro-tunisienne. Un harcèlement que l'armée française a cru pouvoir enrayer en bombardant le village de Sakiet Sidi Youcef, symbole d'une solidarité séculaire, inébranlable, entre les peuples tunisien et algérien que l'armée coloniale française leur a fait sauvagement payer, dans leur chair. Ces massacres qui demeurent parmi les pires atrocités que la France coloniale a commises, ont constitué une grande halte dans l'histoire de la lutte des deux pays qui a unifié leur destin commun, au regard de sa symbolique dans l'instauration de la cohésion entre les enfants de l'Algérie et de la Tunisie, ainsi qu'une glorification de leur histoire commune à travers le sang des martyrs qui s'est mélangé, d'autant plus que ces évènements n'ont fait que renforcer la détermination des enfants de la Tunisie à se mettre aux côtés de leurs frères algériens. La date du 8 février de chaque année, demeure un jour mémorable dans les relations des deux pays, reflétant l'ampleur de la barbarie du colonialisme français qui avait alors pilonné la région tunisienne de Sakiet Sidi Youssef, sous le prétexte du droit de poursuivre des moudjahidine de l'Armée de Libération nationale (ALN), souligne une dépêche de l'APS. «Ces événements ont révélé au monde entier la barbarie du colonialisme français et la brutalité de ses méthodes et ses politiques répressives», avait déclaré le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane lors du 64ème anniversaire du massacre de Sakiet Sidi Youssef. Un pan d'une mémoire collective meurtrie entre les deux peuples, algérien et tunisien, témoin de la lutte des peuples maghrébins contre le colonialisme. Retour sur la genèse de ces massacres. Entre juillet 1957 et janvier 1958, l'Armée de Libération nationale a mené 84 opérations sur la frontière algéro-tunisienne. Un harcèlement que l'armée française a cru pouvoir enrayer en bombardant le village de Sakiet Sidi Youssef. Le 8 février 1958, l'armée coloniale a indiqué qu'un avion, touché par une mitrailleuse postée à Sakiet Sidi Youssef, a dû se poser en catastrophe à Tébessa. Un prétexte pour mener, le jour même, des raids sauvages et meurtriers sur ce paisible village. Un marché où se pressaient des paysans de la région a été mitraillé par une escadrille de chasseurs volant en rase-mottes. 26 chasseurs-bombardiers Corsair entrent en action tuant 79 personnes dont 20 enfants, des réfugiés algériens regroupés par une mission de la Croix-Rouge, 11 femmes, blessant 130 autres et rasant des infrastructures. Le bombardement a aussi détruit quatre camions de la Croix-Rouge suisse et du Croissant-Rouge tunisien chargés de vêtements qui allaient être distribués, selon des sources historiques convergentes. Une plaie béante que le temps n'a pu cicatriser.