Le 50e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youssef, célébré jeudi et vendredi par les deux peuples tunisiens et algériens, s'est, une fois de plus, inscrit sous le symbole de la cohésion dans la lutte commune tout en étant une référence de fraternité et de solidarité historique qui inspire les jeunes générations des deux pays à persévérer dans la détermination à bâtir un avenir meilleur. La présence en Tunisie du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la veille de la commémoration de cet événement historique, souligne le fort attachement de l'Algérie à ce destin qui forge l'histoire entre les deux peuples, particulièrement marqué par le sang des martyrs tunisiens et algériens qui s'était mêlé en février 1958, à la suite du bombardement du village frontalier de Sakiet Sidi Youssef. C'est là, le meilleur symbole de ce lieu commun en même temps qu'une immense source de fierté et symbole du sacrifice ayant marqué la lutte pour la souveraineté et la liberté. A cette occasion, les présidents Bouteflika et Ben Ali ont réaffirmé que les événements de Sakiet Sidi Youssef, qui sont le reflet d'une volonté renouvelée et qui sont porteurs de nobles significations historiques, nationales, et humaines, resteront à jamais dans la mémoire collective des deux peuples, le symbole de la communauté du destin et un stimulant à aller de l'avant sur la voie tracée par les martyrs des deux pays, à travers leur héroïque épopée qui constitue une source de fierté et de gloire. Le village de Sakiet Sidi Youssef est situé à la frontière algéro-tunisienne, sur la route menant à Souk Ahras. Il est proche de la ville algérienne de Lehdada (Souk Ahras). Il a constitué une zone stratégique pour les unités de l'ALN (Armée de libération nationale) basées à la frontière Est et une base arrière pour accueillir et soigner les victimes de la guerre. Le bombardement fut précédé de plusieurs provocations françaises sur le village du fait qu'il constituait un point d'accueil pour les blessés et mutilés de la lutte de libération. La première provocation eut lieu en 1957, lorsque Sakiet Sidi Youssef fit l'objet d'une agression française après la promulgation par la France, le 1er septembre 1957, d'une décision ordonnant de poursuivre les révolutionnaires algériens à l'intérieur du territoire tunisien. Puis la localité fut victime d'une deuxième agression le 30 janvier 1958 après qu'un avion français ait essuyé des tirs de l'ALN. Les agressions furent couronnées par le raid sauvage qui eut lieu le 8 février 1958, soit un jour seulement après la visite effectuée par Robert Lacoste dans l'Est algérien. Sakiet Sidi Youssef fut victime d'une agression aérienne française dans la matinée du 8 février 1958. Les raids de l'aviation française sur le village débutent après que le commandement des forces aériennes françaises eurent donné l'ordre. Il eut lieu un jour férié, qui était également jour de marché au cours duquel sont distribuées les aides aux réfugiés algériens par le CRA (Croissant-Rouge algérien) et le CRI (Croissant-Rouge international). Les dégâts furent par conséquent très importants et qualifiés par les médias de massacre horrible. Le nombre de tués avait atteint 79 dont 11 femmes et 20 enfants et plus de 130 blessés, parallèlement à la destruction totale des différentes infrastructures vitales de la localité. Cette agression avait pour objectif de porter un coup au soutien arabe à la Révolution algérienne dans la mesure où la Tunisie se situait à l'avant-garde des Etats qui apportaient leur soutien à la guerre de Libération nationale. Les autorités françaises tentèrent de justifier leur agression sous couvert de l'autodéfense, arguant du fait que seules les zones militaires étaient visées. Pour sa part, le FLN (Front de libération nationale) a exprimé sa solidarité avec le peuple tunisien et le CCE adressa un télégramme de condoléances au peuple tunisien, exprimant sa disponibilité à joindre ses troupes aux côtés des troupes tunisiennes pour faire face à l'agression française. La présence côte à côte des deux chefs d'Etat, Zine El Abidine Ben Ali et Abdelaziz Bouteflika, jeudi, au carré des martyrs à Séjoumi où ils ont présidé la cérémonie de recueillement à la mémoire des martyrs de l'Indépendance et de la gloire de la patrie, souligne la volonté des deux leaders à enraciner ces événements dans l'esprit des peuples de la région, et met en avant ; leur détermination à consolider les liens de fraternité et de coopération entre les deux pays. L'exemple édifiant des événements de Sakiet Sidi Youssef est le témoin fort de cette solidarité et de cette cohésion entre le peuple tunisien et le peuple algérien dans le combat contre le colonialisme. B. Chellali