Le 13 février 1960 à Reggane dans le Sud algérien. Il est 7 h04 du matin. Une explosion retentit dans le désert, une boule de feu est créée et un nuage en forme de champignon se forme au-dessus de cette localité de la wilaya d'Adrar. Un décor apocalyptique qui sonne le début d'un crime contre l'humanité, dont les populations locales payent encore le lourd tribut 63 ans après. Il s'agit du premier essai nucléaire de la France. Intitulé «Gerboise bleue», cette expérience militaire marque le début d'une des périodes les plus sombres dans l'histoire de l'Algérie et de la France. Au cours des années qui ont suivi, la France a effectué une série d'essais nucléaires dans la région, sans prendre en compte les conséquences potentielles pour la population et l'environnement. Malgré les avertissements des scientifiques et les protestations des habitants de la région, les essais nucléaires se sont poursuivis pendant près de 6 ans. Au total, l'Empire colonial français aura effectué 17 essais nucléaires en Algérie, 4 atmosphériques (série des Gerboises) à Reggane, puis 13 souterrains à In Ecker, dans le Hoggar. Les populations locales ont été exposées à des niveaux élevés de radiations, ce qui a eu des conséquences dévastatrices sur leur santé et leur environnement.Sur les habitants de la région,ces essais ont donné lieu à des taux élevés de cancers, de malformations congénitales et de maladies chroniques, toutes attribuées à l'exposition aux radiations. Malheureusement, la France refuse d'assumer ses responsabilités pour les conséquences néfastes de ses activités nucléaires dans le Sahara algérien.En effet, les études effectuées montrent que les populations exposées à la radioactivité ont un taux plus élevé de cancers, de malformations congénitales et de problèmes de santé mentale. Les habitants de ces régions ont également présenté des symptômes tels que des maux de tête, des nausées, des vomissements et des pertes de mémoire. En outre, les essais nucléaires ont eu un impact environnemental important sur la région. Les terres et les eaux ont été contaminées par la radioactivité, ce qui a entraîné une réduction de la qualité des produits agricoles et de l'eau potable. Les habitants des zones touchées sont donc soumis à une exposition continue à des niveaux élevés de radioactivité, ce qui augmente les risques pour leur santé. Pendant des décennies, les demandes des victimes pour des compensations et une reconnaissance officielle de leurs souffrances ont été ignorées, voire minimisées. Pis encore, la France n'a même pas daigné décontaminer les théâtres des crimes coloniaux. Les sites sont toujours dangereux avec une radioactivité élevée. En 2010, une loi a pourtant été votée dans l'Hexagone afin d'indemniser les victimes. Il s'agit de la «loi Morin». Cette loi «prévoit une procédure d'indemnisation pour les personnes atteintes de maladies résultant d'une exposition aux rayonnements des essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien et en Polynésie française entre les années 1960 et 1996», est-il écrit noir sur blanc. On pensait alors que c'était le début d'une repentance. Que la France allait, enfin, assumer ses crimes. 13 ans après, le constat est des plus amers. Il s'agissait plus d'un feu de paille, où plutôt un coup de «Com'». Jusqu'à aujourd'hui, aucune victime civile n'a été indemnisée ou prise en charge par la France. Un seul dossier a été traité, c'est un militaire qui a participé à ces essais. Les essais nucléaires français dans le Sahara algérien constituent donc un crime contre l'humanité qui a eu des conséquences graves et durables sur les populations locales. La politique de l'autruche que mène, jusqu'ici, la France, ne peut donc pas permettre d'ouvrir une nouvelle page entre les deux pays car dans le Sud algérien, il y a des personnes qui souffrent et des localités où aucune vie ne peut y demeurer. Cela à cause de l'héritage empoisonné laissé par la France. Un lourd passé nucléaire qui constitue une plaie béante pour des victimes qui ne demandent que leurs droits. C'est seulement en reconnaissant pleinement son passé que la France peut espérer construire un avenir plus sûr et plus juste avec l'Algérie. C'est la moindre des choses pour le millier de victimes.