Voilà des années que l'administration américaine ne cesse de répéter la même antienne: «Israël a le droit de se défendre». Ni Bush aujourd'hui, ni Clinton, ni Bush père, ni Reagan, ni Nixon et aucun président américain des six dernières décennies qui mettent, comme un leitmotiv, le ‘'droit'' d'Israël à se défendre n'ont dans le même temps affirmé celui des Palestiniens, des Libanais ou des Syriens à résister à l'occupation. Depuis le président Truman -qui a pesé de tout son poids dans le vote du Conseil de sécurité de l'ONU qui a partagé en 1947 la Palestine historique entre deux Etats arabe et juif- à ce jour l'administration américaine, qu'elle soit démocrate ou républicaine, a porté à bout de bras l'Etat hébreu, le soutenant en toute circonstance quels que soient les crimes que l'entité sioniste ait commis ou pouvait être amenée à commettre. Il y eut Deir Yacine et Kfar Kacem - les deux villages martyrs de la Palestine où furent commis en 1948 les premiers crimes de guerre de ce qu'étaient encore les organisation paramilitaires, bras armés du sionisme tel l'Irgoun (où Sharon a fait ses premières armes)- suivis ensuite par d'autres crimes dont ceux de Sabra et Chatila au Liban en 1982, de Cana au Liban en 1996, de Jenine en Cisjordanie en 2002, encore Cana en 2006. Toutes des opérations punitives où des milliers de Palestiniens, notamment, et Libanais furent assassinés sous la couverture américaine qu'Israël avait le «droit» de se défendre. Pour soi-disant «libérer» ses trois soldats capturés dans les territoires palestiniens occupés et au Liban, l'armée israélienne procède à la destruction systématique de la bande de Ghaza depuis 37 jours et du Liban depuis 24 jours sous l'oeil complaisant de la «communauté internationale» qui n'a toujours pas trouvé ni le temps ni les mots pour condamner les crimes de guerre qu'Israël commet quotidiennement dans la bande de Ghaza et au Liban. Comment se fait-il que l'un des ‘'parrains'' du défunt processus de paix, les Etats-Unis d'Amérique -qui se veulent dans le même temps juges et partie dans le contentieux proche-oriental- n'ont-ils jamais abordé de front le problème fondamental qui reste: l'occupation des territoires arabes en Palestine, au Liban et en Syrie noeud gordien de toute solution dans un conflit qui perdure depuis près de soixante ans. La seule fois où l'administration américaine a tenté une chose dans ce sens, sous la présidence de Bill Clinton en juillet 2000, lors de négociations entre Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehud Barak, le duo américano-israélien tenta d'imposer au président palestinien un «plan» de paix conforme aux seuls intérêts d'Israël, contraignant Yasser Arafat à mettre fin à la farce. Pourtant au moins deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU votées respectivement en juin 1967 -portant le numéro 242- et en octobre 1973 -avec le 338- exigeaient d'Israël un retrait «sans délai» des territoires arabes. Résolutions demeurées sans application jusqu'à ce jour. En 1981 Israël annexa Jérusalem-Est et le Golan syrien, annexions non reconnues par l'ONU qui les considère nulles et non-avenues. En 2002, une résolution du Conseil de sécurité portant sur l'instauration d'une «force d'interposition internationale» dans les territoires palestiniens occupés, le long de la ligne de démarcation de 1967 -ou ligne verte- fut bloquée par le veto des Etats-Unis. En fait, depuis les débuts du conflit israélo-arabe en 1948, Washington n'a fait qu'appliquer -notamment par l'usage excessif du veto- la politique décidée par Israël qui ne prend en compte que les intérêts du seul Israël, singulièrement par le refus de l'Etat hébreu de l'offre des pays arabes lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002 lequel proposait la solution la plus indiquée pour restaurer la paix dans la région du Proche-Orient par l'échange des territoires contre la paix. Sachant qu'il pouvait s'appuyer sur les Etats-Unis -qui ont toujours réitéré qu'ils soutiendront Israël qu'il ait tort ou raison- qui lui garantissent l'impunité, Israël ne s'est jamais plié au droit international qu'il ignore en fait totalement tant que ce droit ne sert pas ses intérêts. De fait, la proclamation de l'Etat hébreu en mai 1948 était illégale car elle enfreignait la résolution 181 II/47 portant partage de la Palestine et la création de deux Etats (arabe et juif), la résolution n'entrant en vigueur qu'un an plus tard, c'est-à-dire en novembre 1948. Or, en devançant de six mois l'application de la résolution onusienne, Israël s'est mise dans l'illégalité. Or, le président Truman a reconnu le nouvel Etat deux heures après sa proclamation qui a enfreint le droit international, suivi peu après par l'Union soviétique. Ces deux membres permanents du Conseil de sécurité ont ainsi couvert cette première dérive de l'ONU -qui en laissant faire Israël n'a pas su protéger ses propres décisions- et surtout a ouvert la voie à la longue tragédie que vit, depuis, le peuple palestinien notamment. De fait, dès 1948 en ne se plaçant pas sous l'égide du droit international, Israël s'est déclaré ainsi un Etat hors normes auquel le droit international et les lois internationales ne s'appliquent pas. Et nous en voyons chaque jour les macabres retombées. C'est vrai que les Etats-Unis assurent à Israël l'impunité en le mettant hors des lois internationales. Ce dont l'ambassadeur israélien à Washington, Dani Ayalon, n'en fait pas mystère lorsqu'il affirmait, au début de l'offensive lancée contre le Liban, que les Etats-Unis continueront à nous soutenir, même si «notre armée commet un massacre de masse au Liban». Le crime de guerre commis à Cana le 30 juillet dernier lui donne raison, les Etats-Unis ayant été le seul pays à n'avoir pas condamné le carnage, Bush tentant même de le justifier.