On croise Rabah Ouferhat dans presque toutes les activités culturelles, surtout celles ayant trait à la chanson, plus particulièrement. La chanson et l'art, c'est son univers. Il fait partie de la longue liste des chanteurs kabyles d'une certaine génération, celle des années 70-80, connue pour avoir marqué de manière indélébile la chanson kabyle par ses musiques et les voix qu'elle avait dévoilées, mais aussi par des textes exceptionnels et inoubliables déclamés. Une chanson comme «Tala ylughen» est l'un des titres phares de Rabah Ouferhat. Le nom de ce dernier est d'ailleurs, indissociable de cette chanson. Le vrai nom de Dda Rabah est Ferhat. Ses premiers pas dans la chanson remontent à sa plus tendre jeunesse lui qui est né en pleine guerre d'indépendance, le 12 mars 1952. Rabah Ouferhat a vu le jour à Iazouzen (Larbaâ Nath Irathen), le village de Abane Ramdane, héros de la guerre d'indépendance. Alors qu'il était encore élève, juste après1962, Rabah Ouferhat adhère à une cellule locale des Scouts où il s'initie à la chanson patriotique. Sa passion pour la chanson le pousse à chercher à chaque fois des structures où il pourrait développer son art. C'est ainsi qu'une fois admis au collège de Larbaâ Nath Irathen, Rabah Ouferhat s'engage dans la Jfln locale où il trouve enfin tous les instruments musicaux dont il rêvait afin de poursuivre son petit bonhomme de chemin dans l'art: il y avait des guitares, harmonicas, flutes, percussion et violons. Du coup, il fit connaissance avec une pléiade de musiciens: Djaffar, Salah, Belkacem, Saïd, Tchombé, Dalil Omar et Dda Lhocine Ouar. Il s'engage alors dans l'animation de fêtes familiales, fêtes nationales, excursions et autres événements. En 1971, il fit sa première année au lycée de Bordj Menaïel. Il y compose aussi sa toute première chanson qui le fait sortir de l'anonymat de manière spectaculaire. Il s'agit bien entendu de «Tala Ylughen». C'est avec ce titre qu'il participe d'ailleurs, à la mythique émission «Ichenayyen n uzekka» qu'animaient les ténors Chérif Kheddam, Mohamed Benhanafi et Medjahed Mohammed. Jusqu'à présent, cette chanson reste un sacré succès, faut-il le rappeler. Durant la même période, c'est au début des années 70, Rabah Ouferhat produit quatre 45 Tours grâce à l'aide du grand poète Mohamed Benhanafi qui lui obtint un contrat chez la maison d'édition Atlas à Alger. Rabah Ouferhat y chante: «Tala ylughen», «Dreghlagh Azgagh», «Azewgen Warrac», «Urigh Issem im», «Ighadi mim ddaleqaq», «lvaz ayettru» et «eker ma tedudd». Le passage à la cassette s'effectue en 1980. Il a produit une douzaine de casettes durant cette période faste pour la chanson kabyle. En France aussi, Ouferhat a enregistré et édité plusieurs cassettes, trois au total comportant des chansons comme «Win Idyussan» et «Naâya di lghorva». Même durant la décennie noire, Rabah Ouferhat n'a pas quitté la scène puisqu'il a produit quatre albums durant cette période douloureuse. Il a même animé plusieurs galas dont celui animé en compagnie de Taleb Tahar à la salle Atlas d'Alger, et ce, en pleine tourmente, en 1997. Rabah Ouferhat est connu pour avoir animé de nombreux galas de solidarité et autres actions caritatives. En effet, sa générosité est légendaire. Dans les années 2000, il a signé 5 albums. Il n'a jamais cessé de répondre présent à toutes les sollicitations pour participer aux activités culturelles. En 2013, il a chanté à Montréal dans le cadre d'un hommage à Matoub Lounès. Parallèlement à son parcours artistique, Rabah Ouferhat ne cesse de défendre les droits des artistes en sa qualité de secrétaire général du syndicat des artistes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il fait partie des hommes de culture qui se sont battus inlassablement pendant des années afin que le statut de l'artiste devienne enfin une réalité palpable et officielle, au grand bonheur de tous les artistes. Depuis le début de son parcours, Rabah Ouferhat a produit vingt albums. En dépit de cette riche trajectoire, Rabah Ouferhat demeure quelqu'un d'extrêmement modeste. Un humble qui vit parmi les humbles.