Il procédera à un petit remaniement ministériel qui toucherait des ministres partisans intéressés, de près ou de loin, par l'organisation du scrutin. Alors que les préparatifs officiels pour les prochains scrutins ne sont pas encore entamés, les différents états-majors politiques s'y préparent sérieusement. Aussi, les dernières semaines ont-elles vu un déploiement important des différents leaders de partis sur le terrain. Il est évident que les sujets développés par les uns et les autres, et qui feront sans doute le socle de la prochaine campagne, ont trait beaucoup plus à des questions d'ordre strictement politique, évacuant pour l'essentiel des discours, les aspects socio-économiques. C'est ainsi que Mahfoud Nahnah du MSP insiste fortement sur la partialité du prochain rendez-vous électorale, avec des allusions très insistantes sur la fraude qui a émaillé les élections législatives et locales de 1997. Le pouvoir, qui doit donner le change pour tranquilliser une classe politique sur des charbons ardents, procédera, selon des sources généralement biens informées, à un petit remaniement ministériel qui toucherait des ministres partisans intéressés, de près ou de loin, par l'organisation du scrutin. Il se trouve que le seul ministre répondant au profil est Ahmed Ouyahia qui pourrait changer de portefeuille et être remplacé par un ministre non partisan dans les jours qui précéderont le scrutin. La précampagne électorale, qui a débuté bien avant la rentrée sociale, a dû intégrer la nouvelle donne internationale consécutive à l'attentat perpétré contre les Etats-Unis. La coalition antiterroriste à laquelle l'Algérie a apporté son soutien, divise d'ores et déjà la classe politique et il faut s'attendre à ce que les discours de campagne traitent en long et en large ce sujet. Cela dit, le plus important dossier de la campagne sera sans doute l'évaluation du poids réel des différents partis politiques. Le FLN, qui donne des signes évidents d'un retour en force sur la scène politico-médiatique, avec notamment le changement opéré au niveau de sa direction, semble décidé à frapper de toutes ses forces lors des prochaines joutes électorales. Le discours de Benflis, lors de son installation à la tête du vieux parti, en dit, en effet, long sur la volonté du FLN de ratisser large au sein de toutes les couches de la société. Et c'est en «grand frère» qu'il semble tendre la main au RND pour le sortir d'une mauvaise passe qui peut lui coûter cher en termes de présence dans le paysage politique. Aussi, le parti d'Ouyahia, qui voit d'un très bon oeil l'arrivée de Benflis au secrétariat général du FLN, dispose-t-il d'une formidable occasion de rester au pouvoir, tout en effaçant l'accusation de fraudeur qui lui colle à la peau depuis 4 ans. Cette alliance, qui a toutes les chances de voir le jour dans un proche avenir, inquiète en premier lieu le MSP. Malgré une certaine assurance à maintenir une place non négligeable dans le paysage politique, le parti de Nahnah craint de payer les frais d'un rapprochement entre les deux grosses cylindrées. Les craintes de Nahnah sont d'autant plus justifiées que son allié dans la coalition, Ennahda n'a, pour ainsi dire, aucune chance de garder son score qui reviendra, en bonne partie, au MRN de Djaballah qui se distingue par un discours radical, foncièrement opposé aux islamistes de la coalition. Parmi les partis démocrates, c'est la crise qu'a vécue la Kabylie qui sera déterminante dans la nouvelle stratégie électorale du RCD et du FFS, actuellement accrédité d'un nombre de sièges égal à l'APN. Les tournées des responsables de ces deux formations en Kabylie témoignent d'une volonté de capitaliser les retombées politiques des événements, bien que les observateurs sur place donnent le FFS grandi et le RCD en perte de vitesse dans la région. Les autres formations de la famille dite républicaine, tels le PRA, l'ANR et le FD, semblent, pour le moment, trop absentes pour peser réellement sur l'événement.