Pour les syndicalistes jaloux de leur organisation, désormais à la croisée des chemins, il est grand temps que l'Ugta se réconcilie avec les travailleurs et la base syndicale, sinon elle sera appelée à disparaître. Placé à la tête de la Centrale syndicale en juin 2019, Salim Labatcha a été rattrapé par les complots qui rongent la mythique organisation, tombée dans les abysses syndicales. Né en 1967, Labatcha a succédé à Abdelmadjid Sidi Saïd fortement contesté en 2019, pendant plusieurs mois, par les fédérations locales, dans un contexte de bouillonnement de la rue. Salim Labatcha, et désormais ancien SG de l'Ugta, a été remplacé, à titre intérimaire, par Hamou Touahria, de la fédération des travailleurs pétroliers, une posture statutaire qui imposera la tenue d'un congrès pour l'élection d'un nouveau patron à la tête de la Centrale syndicale. La démission de Labatcha, motivée par des «problèmes de santé», diversement appréciée par l'opinion et les acteurs sociaux et politiques plonge visiblement la puissante centrale syndicale dans une phase d'instabilité, pourtant peu coutumière aux moeurs de l'Ugta, qui a connu neuf secrétaires généraux depuis sa création, en 1956, en pleine guerre d'Algérie. La Centrale syndicale n'est plus ce syndicat qui faisait trembler le gouvernement par ses positions tranchées sur le monde du travail. Traversée par de multitudes crises organiques, cette organisation, chère à Aissat Idir, est dévoyée de sa trajectoire, de son rôle de défenseur des intérêts moraux et matériels des travailleurs jusqu'à se laisser emporter dans d'autres sphères qui ont failli mettre le pays à genoux, n'était-ce l'intervention à temps du «Hirak beni». En effet, c'est suite à ce Mouvement populaire qui est né suite à la contestation du cinquième mandat du président Bouteflika, qu'on a pu se pencher sur le cas de cette Centrale syndicale dévoyée de sa véritable mission. En effet, ébranlé par maintes crises organiques, fragilisé par le Hirak, quatre union de wilayas Béjaïa, Saida, Tlemcen et Tizi Ouzou, en plus de la Fédération de la métallurgie et l'Union locale de Rouiba ont mené une contestation revendiquant un changement à la tête de L'Ugta ce qu a poussé Abdelmadjid Sidi Said à quitter la Centrale, cédant sa place à Salim Labatcha. Ce dernier a été intronisé à la tête de l'Ugta lors du congrès de juin 2019 qualifié d'anti statutaire. Après trois ans à la tête de l'Ugta, Labatcha n'a pas réussi à redresser la barre et faire la mue de ce syndicat.. Qualifié d'illégal, d'anti statutaire, le congrès de juin 2019 est désormais rattrapé par la réalité du terrain, puisque sa Commission exécutive nationale (CEN) issue d'une situation conflictuelle, ponctuée d'irrégularités, de suspensions arbitraires et surtout sans associer la base syndicale. Il est tout simplement remis en cause. Ce changement à la tête de la Centrale syndicale est loin d'être une solution pour une organisation sérieusement malmenée et rongée par des conflits organiques interminables. Seul le retour à la base syndicale, avec comme devise: «La démocratie syndicale» peut sauver l'une des organisations de masse la plus importante sur l'échiquier révolutionnaire de l'Algérie.