L'ère de la modernité n'est, en effet, pas au rendez-vous. Messaoud-Boudjriou est une petite localité distante de quelques kilomètres du chef-lieu de la wilaya. L'état des lieux et le cadre de vie donnent l'impression que cette petite commune isolée, date d'une autre époque. L'ère de la modernité n'est, en effet, pas au rendez-vous. C'est à peine si les quelques centaines de familles arrivent à vivre, plutôt à survivre, aux limites du soutenable avec des conditions de vie défavorables, pauvreté et misère. L'on notera, lors de notre passage, l'absence totale d'un centre de soins. Les habitants sont contraints, même pour une urgence médicale, de parcourir plusieurs kilomètres pour se faire consulter. Livrés à l'humeur de la nature, humiliés et abandonnés, les citoyens tentent, contre vents et marées, de subvenir aux besoins essentiels de leurs enfants qui quittent souvent l'école dès leur jeune âge, du fait qu'ils ne sont pas en mesure de leur assurer toutes les dépenses de la scolarité. C'est à peine s'ils arrivent à les nourrir. Comparée à d'autres communes, Messaoud-Boudjriou demeure l'une des plus déshéritées. Les autorités locales de la wilaya sont plus intéressées par l'aménagement des nouvelles villes Ali-Mendjeli et Massinissa que par ce «genre» de commune. L'on remarquera qu'aucun programme de réalisation n'est en cours. Quelques projets de logements seulement, qui accusent un très grand retard, sont en chantier depuis des années, ce qui pousse à dire que l'image qu'offre cette petite commune n'est pas digne d'une ville dite capitale de l'Est à laquelle aspirent les pouvoirs publics. Que dire du contexte sécuritaire? Cette commune, comme beaucoup d'autres, n'a pas été épargnée par la horde sauvage, qui, aujourd'hui, vaincue, a laissé place à la délinquance. On comptera également que plusieurs cadres ayant effectué des études supérieures sont au chômage. Ils passent leurs journées dans des cafés, puisque privés même de centre de loisirs. Des bidonvilles, des routes dans un état de dégradation avancé, la saleté, des maladies, du Moyen-Age, constituent le lot de la commune. Les signes de la misère et la souffrance sont nettement visibles sur les visages des citoyens de Messaoud-Boudjriou, annonçant leur désarroi. Cette population n'a cependant jamais osé, un jour, protester ou occuper la rue. Elle assume avec beaucoup d'amertume son «destin» imposé par la démission de ses dirigeants locaux, en espérant des jours meilleurs. Par absence de contrepoids, d'une gestion correcte et juste, les citoyens restent soumis. Ceci dit, cette commune a fait l'objet de plusieurs visites de chefs d'exécutif qui se sont succédé à la tête de la wilaya. Néanmoins, rien ne semble presser pour la prendre réellement en charge. Quelques rares dispositions ont été timidement entreprises mais rien de bien concret. Interrogés, ces citoyens dévoilent leur désespoir. Ils confient qu'ils survivent de quelques légumes et fruits qui proviennent de leur terre. Coupés du monde extérieur, leur souci majeur est l'avenir de leurs enfants, tentant d'attirer l'attention et l'intérêt des autorités, au moins pour un centre de soins, la sécurité et pourquoi pas du travail et des centres de loisirs.