Mechtras est connue surtout pour sa source inépuisable de Tala-Ouguellid. Sise à environ quatre km à l´est du chef-lieu de daïra Boghni, Mechtras est une commune assez riche mais qui semble, du moins en apparence, assez pauvre. Du haut du promontoire que constitue la commune de Beni Bouaddou et spécialement depuis la route menant à Aït Amar dans la commune voisine, l´on peut admirer les vergers et les potagers de Mechtras. La vallée des dieux, comme l´appellent ceux qui ont eu cet avantage d´observer depuis ce belvédère, la riante vallée parsemée de verdoyantes plantations que se partagent les grenadiers, les figuiers et autres arbres de rapport. Venu de Tala Ouguellid, le surplus de l´eau coule dans des rigoles longeant les ruelles et arrose les jardinets entretenus avec amour. A Mechtras, mis à part les écoles et le collège, ainsi que l´école d´agriculture qui n´arrive pas encore à démarrer effectivement alors qu´elle en a les moyens et les potentialités, et une unité de transformation de bois et de menuiserie générale, le reste est fait de petites échoppes et de magasins. Il semble que la trop grande proximité avec Boghni tue toute espèce de volonté de développement. Mechtras c´est aussi Aït-Imghour, un village naguère rattaché à Boghni et depuis peu revenu au giron communal. Aït lmghour est une légende vivante avec un passé fait de combats et de sacrifices pour la libération nationale. Jouxtant la forêt dite de Cheikh ou encore El Ghaba n´Cheikh, Aït Imghour est aussi, un centre rayonnant de culture populaire avec à côté le mausolée de Cheikh Ahmed Bouderbala. Certes, aujourd´hui le mausolée est fermé et personne ou presque ne s´aventure en ces lieux. Il y a quelques années de cela, des colonnes de femmes, d´enfants et d´hommes, venaient chaque jeudi que Dieu fait, qu´il vente, qu´il neige ou en plein soleil, chercher les effluves de la baraka du saint homme. Après le dîner offert par les gardiens des lieux, c´est une débauche de tambourins qui font entendre leur tonalité à des kilomètres à la ronde. Les lkhouanes adeptes des lieux, entonnent alors les chants liturgiques en faisant des démonstrations pour le moins surprenantes. Les uns avalent des braises ardentes, les autres léchant des poignards ou encore des socs d´araire portés au rouge incandescent, et d´autres enfin, tout en avalant des raquettes de figuiers de barbarie pleines d´épines, sautent à travers un feu de hautes flammes. Les malades, et surtout les femmes venues là, demandent au saint homme d´intercéder en leur faveur auprès du Créateur, les unes pour demander un enfant, et les autres pour prier le tombeau du saint homme d´intercéder en faveur d´un enfant ou d´un mari «perdu» généralement en exil. Les prières durent jusqu´au matin et sont accompagnées de rituels des lkhouanes. Le vendredi, dès l´aube, les foules reprennent le chemin du retour et les lieux animés, la veille, se remplissent de silence. Aujourd´hui, en ces lieux désormais vides de leurs occupants, seuls les oiseaux pépient, et ce silence pesant donne la chair de poule. Mechtras pour sa part, attend tout d´un éventuel décret pour amorcer le développement. C´est un lycée à construire, des logements à réaliser et aussi et surtout, des emplois à offrir pour la masse de jeunes qui ne font que soutenir les murs et errer de café en café.