Après la visite du PS français conduite par François Hollande, c'est le parti de Mandela, l'ANC, dont la délégation arrive à Alger. Une délégation de l'African national Congrès (ANC), composée d'au moins cinq membres sera l'hôte du parti FLN à partir de demain. Les représentants du parti du légendaire Nelson Mandela séjourneront du 9 au 12 août à Alger. Lors de son séjour à Alger, la délégation se rendra au musée du Moudjahid, elle rencontrera des responsables de l'Organisation nationale des moudjahidine ainsi que ceux de l'Organisation des fils de chahids. Dans le cadre de son redéploiement international, de la redynamisation de ses relations avec des partis politiques dits «amis», le FLN se distingue par son activité politique. Après la visite remarquable de la délégation du Parti socialiste conduite par son Premier secrétaire, François Hollande, c'est le parti de Mandela, l'ANC, dont la délégation arrive à Alger. Sur l'agenda du FLN figurent également le Parti socialiste (PS) espagnol de José Luis Zapatero et des partis socialistes arabe, égyptien, libanais et marocain, ainsi que des partis d'Amérique latine. L'ANC, dirigée par l'actuel président d'Afrique du Sud, Thabo M'beki, a accepté solennellement l'invitation à un moment particulier de l'histoire de l'Algérie. Le séjour de la délégation sud-africaine intervient en effet à quelques jours de la fin du délai accordé aux terroristes pour déposer les armes et bénéficier des textes d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Entre l'ANC et le FLN, les biographies s'identifient. Les histoires des deux partis se confondent dans l'objectif qui a présidé à leur création: se libérer du joug colonial pour le FLN et de la domination de l'apartheid pour l'ANC. L'histoire des deux pays se confond également sur un autre aspect: celui de la réconciliation. Aussi bien l'Algérie que l'Afrique du Sud ont entamé des expériences de réconciliation, après une guerre civile sanglante. Après quinze années de guerre sanglante qui a coûté la vie à plus de 150.000 personnes, des milliers de disparus, des centaines de milliers de blessés, et plus de 20 milliards de dollars de destructions, le peuple algérien a majoritairement avalisé par référendum le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale. En Afrique du Sud l'expérience est d'un autre genre, même si l'objectif recherché est le même. Une commission Vérité et réconciliation a été créée en 1993. Elle a été dirigée par une grande personnalité du nom de Desmond Tutu, archevêque anglican de Johannesburg, prix Nobel de la paix. Une expérience aussi originale sur le plan juridique qu'éprouvante pour les victimes en majorité noires. Le principe était simple: bénéficieraient d'une amnistie tous ceux qui viendraient devant la commission «confesser» en quelque sorte leurs exactions. Il s'agissait surtout de membres de la police qui avaient torturé et parfois tué des militants des mouvements de libération noirs, principalement le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. L'amnistie était soumise à deux conditions : d'abord ne rien omettre de leurs crimes et délits dans leur déposition, ensuite avoir agi sur ordre de leur hiérarchie tout en croyant servir un «objectif politique». La révélation des sévices souvent atroces infligés par les bourreaux n'a pas entravé la réconciliation entre les communautés noire et blanche. Cela étant, la délégation de l'ANC qui arrivera à Alger, évoquera d'autres sujets avec les dirigeants du FLN. Ils porteront sur l'axe Alger-Johannesburg, l'agression contre le peuple libanais, la question palestinienne et le Sahara occidental. L'ANC, rappelons-le, est une formation politique fondée par le légendaire Nelson Mandela, qui a pris les armes contre l'apartheid, imposé par une minorité de Blancs sous le régime de Pretoria. Les germes de bonne entente entre l'ANC et le FLN ont été semés dès le début de l'indépendance de l'Algérie. En1962, Nelson Mandela effectue une tournée au Maghreb. Celui qui est alors le leader de l'ANC, clandestin dans son propre pays, rencontre Bourguiba et Ben Bella. Bien plus tard, en 1990, après sa sortie de prison, portant toujours la marque de sympathie pour l'Algérie et sa révolution, le légendaire Mandela a effectué sa première visite à l'étranger, en Algérie.