Les roquettes du Hezbollah ont continué de pleuvoir, hier, sur le nord d'Israël au moment où ses combattants accrochaient les unités de combat israéliennes près de Bint Jbeil. Au vingt-septième jour de l'agression israélienne sur le Liban, le Hezbollah a lancé quelque 60 roquettes sur le nord d'Israël sans faire de blessé, mais causant des dégâts, d'après la police israélienne. La veille, plus de 160 roquettes s'étaient abattues dans cette région faisant cinq blessés légers. L'intrusion de la diplomatie arabe dans le décor de la guerre au Liban ne semble pas peser lourd dans la balance aux yeux d'Israël qui n'a même pas cessé ses attaques sur Beyrouth qui abritait, lundi dernier, la réunion des chefs de la diplomatie des pays arabes. Or, c'est ce jour, où plusieurs ministres arabes se trouvaient en conclave à Beyrouth, que l'armée israélienne a intensifié ses raids aériens. Journée particulièrement meurtrière d'autant plus qu'elle a enregistré la mort de plus de 150 civils libanais victimes de bombardements intenses. Le message était clair à l'adresse des diplomates arabes en conclave: pas question de cessez-le-feu sans la réalisation des objectifs fixés par l'armée israélienne depuis le début de l'offensive, à savoir la neutralisation de la résistance armée au Sud-Liban. Un ministre israélien, Eytan Cabel, a jugé nécessaire «une occupation de deux à trois semaines d'une zone de sécurité au Liban-Sud, puis un nettoyage de ce secteur pour diminuer sensiblement les tirs de roquettes à courte portée». Ehud Olmert, le nouveau seigneur de guerre de l'Etat d'Israël l'a d'ailleurs signifié: «Aucune limitation n'est imposée à l'action de l'armée» contre le Hezbollah qui continue de tirer des roquettes contre le nord d'Israël et qui ont tué plus d'une centaine d'Israéliens dont la majorité sont des militaires. A vrai dire lorsqu'on sait que la société israélienne est foncièrement militariste, le distinguo entre civil et militaire est difficile à établir. Le bombardement d'un immeuble dans le quartier de Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant plus de 20 victimes, a été le fait marquant de ce lundi sanglant. Les équipes de secours continuaient, hier encore, à rechercher 26 personnes disparues dans les décombres. L'armée a aussi pilonné par air, mer et terre l'est et le sud du Liban pour faire le maximum de dégâts possibles. Hier, le tableau n'a pas changé. Les combats ont continué de faire rage dans les petites localités frontalières entre les combattants du Hezbollah et les soldats israéliens et ont fait deux morts parmi les soldats israéliens et cinq blessés. La veille, faut-il le rappeler, trois autres soldats avaient péri sous les balles du Hezbollah. La liste des victimes ne cesse donc de s'allonger malgré les tractations sur le plan diplomatique. Un cessez-le-feu devient une urgence pour arrêter le massacre des innocents et permettre aux ONG humanitaires d'intervenir sur le terrain. C'est dans ce contexte difficile que l'armée israélienne a averti qu'elle détruirait tout véhicule circulant dans la région. Israël interdit même les soins aux civils blessés. Ce qui contredit les conventions de Genève qui condamnent un tel agissement barbare et inhumain. Israël se comporte comme si elle avait affaire à un ennemi non humain. Dans la perspective de l'extension de son offensive en profondeur au Sud-Liban, l'armée israélienne avait imposé une interdiction de circuler en voiture après 22h00 (19h00 GMT) aux Libanais vivant au sud du fleuve Litani. Les dix mille soldats lancés dans la bataille auront pour tâche de neutraliser la force du Hezbollah et de l'éloigner bien au-delà du fleuve pour prémunir Israël des tirs de missiles qui n'ont pas cessé de pleuvoir sur tout Israël. Hier, la confrontation faisait rage autour du village de Debel près de Bint Jbeil, Aïtroun, où deux soldats israéliens ont été abattus par le Hezbollah et cinq autres blessés. Des chiffres donnés par une source militaire israélienne qui ne fait jamais état des chiffres réels dans de tels accrochages. On apprenait hier que l'armée israélienne a décidé d'étendre ses opérations terrestres à la frontière sud Liban, jusqu'au fleuve Litani, en envoyant des renforts substantiels. Des mouvements de troupes ont été constatés en direction de la frontière en prélude à une grande invasion alors qu'une réunion du cabinet de sécurité est prévue pour aujourd'hui.