La rencontre prévue aujourd'hui entre la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy «fera encore plus de tort» à la relation sino-américaine, a déploré lundi Pékin. L'entretien va «heurter les sentiments» des 1,4 milliard de Chinois et «avoir des répercussions sur le fondement politique des relations sino-américaines», a indiqué dans un communiqué un porte-parole du consulat de Chine à Los Angeles. Membre du Parti républicain, Kevin McCarthy a confirmé qu'il rencontrerait Tsai Ing-wen en Californie, faisant fi des avertissements de la diplomatie chinoise selon laquelle il «jouait avec le feu» en rencontrant la dirigeante, issue d'un parti indépendantiste. Après New York à l'aller, la présidente taiwanaise prévoit de faire une nouvelle escale aux Etats-Unis à son retour d'une tournée diplomatique en Amérique centrale, où elle a rencontré le président du Guatemala. Elle se trouve actuellement au Belize. La Chine répète que l'île de Taiwan, peuplée de 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, devant être réunifiée avec le reste de son territoire. Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taiwan), en vertu du «principe d'une seule Chine» défendu par Pékin. En août dernier, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre américaine des représentants, avait pourtant visité Taiwan, provoquant l'ire de la Chine qui avait procédé en représailles à de très importants exercices militaires autour de l'île. «Kevin McCarthy, au mépris du large soutien de la communauté internationale au principe d'une seule Chine, ignorant les leçons qui auraient dû être tirées, s'obstine à encore vouloir jouer la carte de Taiwan» afin de contenir Pékin, a indiqué le consulat de Chine à Los Angeles. «Il va sans doute commettre à nouveau la même erreur, qui fera encore plus de tort à la relation sino-américaine. Mais cela ne fera que renforcer la volonté et la détermination du peuple chinois dans son indignation commune et son soutien à la réunification nationale.» Outre Taiwan, les deux premières puissances mondiales s'opposent sur nombre d'autres dossiers, comme la dominance dans les nouvelles technologies, le traitement des musulmans ouïghours en Chine, le déséquilibre de la balance commerciale, l'application TikTok ou encore Hong Kong. La Chine voit avec mécontentement le net rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taiwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l'absence de relations officielles fournissent à l'île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies. La rencontre Tsai-McCarthy est prévue en banlieue de Los Angeles, à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, avec plusieurs autres élus du Congrès, a précisé l'équipe du président de la Chambre des représentants. Cet entretien «enverra un très mauvais signal en faveur des séparatistes qui militent pour une soi-disant indépendance de Taiwan» et «ne contribuera en rien à la paix, à la sécurité ou à la stabilité de la région», a déploré le consulat de Chine. La diplomatie chinoise avait déjà promis de «riposter» à une éventuelle rencontre entre les deux responsables. Le Belize est, avec le Guatemala, l'un des 13 derniers Etats au monde à reconnaître Taiwan, après la récente rupture des liens avec le Honduras, qui vient de reconnaître Pékin. La Chine oeuvre à isoler diplomatiquement Taipei depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de Tsai Ing-wen, car elle est membre d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance - une ligne rouge absolue pour Pékin. La Chine dit privilégier une «réunification pacifique» avec Taiwan, avec laquelle elle entretient de forts liens économiques, historiques et humains, mais elle n'a pas écarté la possibilité d'utiliser la force militaire pour prendre le contrôle de l'île.