Vote Le Parlement chinois a adopté, ce lundi, à l'unanimité moins deux abstentions, une loi antisécession prévoyant le recours à la force si Taiwan déclare son indépendance. Ce texte, vivement critiqué par Taipei et Washington, a été défendu par le Premier ministre Wen Jiabao qui a déclaré qu'il ne s'agissait pas d'une «loi guerrière» et qu'elle était favorable aux échanges sino-taiwanais. La loi a été votée par 2 896 délégués de l'Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement), et aucun ne s'est prononcé contre. Le président chinois Hu Jintao a, dans la foulée, signé un décret rendant la loi immédiatement effective. Le texte prévoit trois conditions dans lesquelles «l'Etat devra protéger la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale par des moyens non pacifiques». Ces conditions seront remplies «si les forces séparatistes de Taiwan provoquent, sous quelque nom ou par quelque moyen que ce soit, une sécession de Taiwan vis-à-vis de la Chine, si un événement majeur crée une séparation ou si les conditions d'une unification pacifique disparaissent complètement», précise l'article 8 de la loi. L'île, qui compte 23 millions d'habitants, jouit d'une indépendance de facto sous le nom de «République de Chine» depuis la fin de la guerre civile entre communistes et nationalistes chinois en 1949. Mais Pékin cherche à prévenir toute tentation par les séparatistes taiwanais de créer un Etat distinct de la Chine. La loi prévoit un «large degré d'autonomie» pour Taiwan après une réunification pacifique. Un responsable chinois avait indiqué récemment que son statut serait comparable à celui de Hongkong, où Pékin retarde l'instauration du suffrage universel, déjà en vigueur à Taiwan. La loi a été vivement critiquée à Taipei où la vice-présidente, Annette Lu, a déclaré, dimanche, qu'elle violait le Traité sur les relations avec Taiwan (TRA) adopté en 1979 par les Etats-Unis au moment de leur reconnaissance diplomatique de la Chine populaire. Dimanche, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a déclaré que la loi antisécession «soulevait clairement des tensions» et a appelé la Chine et Taiwan à ne «pas prendre de mesures unilatérales pour modifier le statu quo». Mme Rice sera à Pékin les 20 et 21 mars prochains. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a défendu le vote du Parlement lors de sa conférence de presse annuelle, qui a suivi la clôture de la session plénière annuelle de dix jours du Parlement. «Cette loi vise à renforcer et à promouvoir les relations de part et d'autre du détroit de Taiwan», a-t-il affirmé.