«La loi c'est la loi. On ne peut pas aller au-delà de la date qu'elle fixe pour la clôture de l'opération.» Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme n'adhère pas à l'idée de prolonger la période de grâce attribuée aux terroristes toujours en activité. A ce propos, le président de la Cncppdh, lors d'un aparté au Forum d'El Moudjahid, a écarté toute décision de prolongation de la durée de grâce tel que cela a été revendiqué par certains partis à l'instar du MSP et du PT. «Six mois, c'est largement suffisant pour une telle opération» dira-t-il. Mais, d'après Farouk Ksentini, son instance a suffisamment de temps pour traiter le dossier des disparitions forcées «qui n'est pas concerné par la date du 28 août». Cette date, précise-t-il en outre, ne concerne que les terroristes qui sont encore dans les maquis. Se montrant plus catégorique que jamais, Ksentini déclare clairement que «la loi c'est la loi. On ne peut pas aller au-delà de la date qu'elle fixe pour la clôture de l'opération.». Plusieurs organisations politiques, rappelons-le, et d'autres de la société civile, ayant adhéré sans trop d'hésitation à la charte, ont dénoncé des blocages, à l'origine du retard dans les procédures d'application de la charte. «Il y a des manipulations et une lenteur dans le traitement des dossiers des victimes de la tragédie nationale. La méthode d'application du projet de la charte n'est pas claire». Cette expression est de Louiza Hanoune, la secrétaire générale du PT, la première à avoir dénoncé «les blocages» qui font de sorte que les choses n'avancent pas concrètement sur le terrain. Louisa Hanoune est allée encore plus loin en disant qu'«on dirait que, quelque part, il y a des responsables qui ont eu des instructions pour entraver l'application des textes», mais aussi, en demandant, solennellement, lors d'une récente rencontre avec la presse, la prolongation du délai de grâce, estimant que la date du 31 août est inappropriée. Viendront, après la sortie du PT, d'autres organisations de victimes qui ont carrément pris une autre piste en mettant en exergue des «pratiques scandaleuses» et une «politique du deux poids, deux mesures» dans les mesures d'application de la charte. Farouk Ksentini fait ainsi, d'une pierre deux coups : répondre et rectifier le tir afin de «mieux faire comprendre la situation». Farouk Ksentini, président, aussi, du mécanisme ad hoc chargé de prendre en charge les familles des disparus, est allé jusqu'à révéler qu'il a reçu dans son bureau des gens qui voulaient se repentir. Ces derniers, selon lui, sont confrontés à des problèmes et entraves d'ordre «bureaucratique». En dépit de ces imprévus, le président de la Cncppdh n'ira pas jusqu'à appuyer l'idée de prolonger les délais aux terroristes. Quoi qu'il en soit, la période de grâce qu'accorde la charte, fixée à six mois après l'approbation du texte, le 29 septembre 2005, par voie référendaire, tire à sa fin et annonce probablement une nouvelle ère de lutte antiterroriste à partir du 30 août prochain. Farouk Ksentini vient ainsi couper court au débat et faire croche-pied aux partisans de cette prolongation. Avant le PT de Louisa Hanoune, le MSP a clairement opté aussi pour une prolongation de la date butoir afin de permettre à certains autres «égarés» de retrouver la raison. Le premier responsable de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme est, semble-t-il, satisfait des résultats de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Effleurant la question liée justement aux résultats de la charte, selon un bilan récent révélé par Nouredine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, il a été question de 202 redditions alors qu'il reste 300 autres terroristes dans les maquis. Farouk Ksentini atteste, dans le sillage, que ce chiffre est appelé à être plus élevé dans les semaines qui viennent, sans pour autant aller vers une autre période de grâce. Le bilan général sera présenté, apprend-t-on, avant la fin du mois en cours par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. Néanmoins, le terrorisme, même affaibli, continue à faire des victimes depuis février dernier, date de la mise en oeuvre de la charte. S'agit-t-il d'un rejet pur et simple de cette solution de paix dictée par les textes de la charte? C'est une interrogation qui s'impose et parmi d'autres sur la nature de cette inquiétante recrudescence.