Selon Ksentini, des contacts sont logiquement en cours avec des groupes terroristes. Neuf jours après l'expiration des délais de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et même si sa prorogation n'est pas encore tranchée, l'heure est actuellement au bilan. Après les déclarations du ministre de l'Intérieur, c'est au tour des autres de tirer les conclusions sur ce projet de paix. En marge d'une conférence de presse qu'il a animée hier, le docteur Djamel Ould Abbès, s'est dit très satisfait des résultats enregistrés durant la période de grâce. La commission nationale, chargée de l'application des textes de la Charte, réunie mercredi dernier, juge également que les résultats sont positifs. La preuve, affirme-t-il, 70% des terroristes ont été neutralisés durant cette année. C'est ce qu'a pratiquement avancé M.Yazid Zerhouni qui fait état de 500 terroristes neutralisés durant la même période. Selon ce dernier, le nombre des terroristes abattus est estimé à 200 et le reste, c'est à dire 300 se sont rendus. Le ministre de la Solidarité nationale a précisé que les portes de la réconciliation sont, jusqu'à présent, ouvertes en attendant la déclaration du président de la République qui décidera de la prorogation ou non des délais d'application de la Charte. Afin de démontrer que les choses avancent au rythme escompté, Ould Abbès a déclaré, dans ce sens, que son département a reçu déjà 51.000 familles de terroristes dans le cadre de l'opération des indemnisations. Selon lui, 6952 dossiers ont été traités jusqu'à présent et l'opération se poursuit toujours. Le ministre n'a pas voulu entrer dans les détails et a préféré laisser l'exclusivité au chef du gouvernement qui s'exprimera sur ce sujet, selon lui, dans les jours à venir. Par ailleurs, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, (Cncppdh), M.Farouk Ksentini tire le même bilan. Interrogé, en marge de la 1re conférence Afrique-Europe des sociétés civiles organisées tenue jeudi dernier à Alger, ce dernier estime que les résultats sont largement positifs. «Malgré les difficultés et la complexité du problème, nous avons pu réaliser 70% des résultats», dit-il d'un air optimiste. Maitre Ksentini, qui a longtemps travaillé sur ce dossier, trouve que le fait que 300 terroristes se sont rendus est un pas très important. Concernant la prorogation des délais de la Charte, le président de la commission ad hoc, indique qu'elle est du ressort du président de la République qui est le seul habilité par la Constitution à trancher cette question. «De toute façon et dans les deux cas de figure, la loi sera scrupuleusement respectée», précise notre interlocuteur qui explique, toutefois, que la prorogation ne contredit pas la loi sur le plan juridique. S'opposant au début à l'idée de prolonger la période de grâce attribuée aux terroristes toujours en activité, cet avocat semble être partant pour le principe. «Dans une opération d'intérêt général, souligne t-il, il est tout à fait normal qu'il y ait des réticences». Avant de lâcher le morceau, Ksentini dira: «Ce projet d'intérêt général ne doit pas s'arrêter à une question de prorogation». A la question de savoir si des contacts sont en cours avec des terroristes en activité, il répondra que: «Logiquement, il y a des contacts, mais je n'ai aucune information». Concernant l'indemnisation des familles de disparus, Ksentini rassure que les choses vont se débloquer incessamment. Une chose est sûre, c'est que 77% des familles des disparus ont donné leur accord pour le principe.