La Chine a envoyé, hier, de nouveaux navires de guerre, un hélicoptère et un avion de combat près de Taiwan, pour le deuxième jour consécutif après la rencontre entre la dirigeante taiwanaise et le président de la Chambre américaine des représentants. Trois navires de guerre chinois ont sillonné les eaux entourant l'île autonome, a annoncé le ministère taiwanais de la Défense, ajoutant qu'un avion de combat et un hélicoptère anti-sous-marin avaient en outre traversé la zone d'identification de défense aérienne (Adiz) de Taiwan. Taiwan avait déjà détecté jeudi trois navires de guerre et un hélicoptère anti-sous-marin chinois. Et mercredi, quelques heures avant la rencontre en Californie entre Tsai Ing-wen, la présidente de Taiwan, et Kevin McCarthy, troisième personnage de l'Etat aux Etats-Unis, le porte-avions chinois Shandong avait traversé les eaux au sud-est de Taiwan en route vers le Pacifique occidental. Pékin a toujours menacé d'une riposte si l'entretien Tsai-McCarty avait lieu, au nom de son principe d'«une seule Chine» qui interdit, selon les autorités chinoises, d'entretenir des liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps. Le gouvernement chinois a réitéré jeudi ses avertissements, promettant une réponse «ferme» et «énergique» pour «défendre sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale». Pékin considère l'île comme l'une de ses provinces, en privilégiant une «réunification pacifique», mais sans exclure d'employer la force. En août 2022, la Chine avait lancé des manoeuvres militaires sans-précédent autour de Taiwan en réaction à la visite sur l'île de Nancy Pelosi, qui a précédé McCarthy au perchoir américain. Après avoir envisagé de se rendre aussi à Taiwan, le président républicain de la Chambre des représentants avait décidé de rencontrer Mme Tsai en Californie, en escale après son voyage en Amérique latine. Cette décision de compromis visait à éviter d'attiser les tensions avec Pékin. Avant de quitter Los Angeles jeudi, Mme Tsai a jugé «assez courant pour nous de rencontrer nos amis américains en transit» lors d'un déplacement à l'étranger. Elle a dit «espérer» que la Chine saurait «faire preuve de retenue et ne réagirait pas de manière excessive». Lors de leur rencontre, McCarthy a appelé à «continuer les ventes d'armes à Taiwan», le «meilleur moyen» selon lui d'empêcher une invasion chinoise de l'île. «C'est une leçon essentielle que nous avons tirée de l'Ukraine, à savoir que l'idée de simples sanctions à l'avenir n'arrêtera personne», a-t-il insisté devant la presse. Mme Tsai s'est contentée de reconnaître avoir «acheté des armes aux Etats-Unis», espérant que celles-ci soient «livrées à temps». Taiwan dit vouloir «empêcher les ingérences» chinoises dans ses eaux territoriales, a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse. Son «Premier ministre» Chen Chien-jen a déclaré, hier, que «la Défense et la Sécurité nationale de Taiwan suivaient de près l'évolution de la situation et a demandé «au public de se rassurer». Pékin «doit choisir la voie de la diplomatie et non celle des pressions» sur Taiwan, a de son côté exhorté jeudi Vedant Patel, porte-parole du département d'Etat américain. Hier, la Chine a imposé des sanctions à l'émissaire de Taipei aux Etats-Unis, Hsiao Bi-khim, lui interdisant d'entrer en Chine et l'accusant d'avoir «délibérément incité à la confrontation entre les deux rives du détroit».Le ministère des Affaires étrangères de Pékin a également annoncé des sanctions à l'encontre de l'Institut Hudson, un groupe de réflexion conservateur basé à Washington, ainsi que de la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, où s'est tenu l'entretien Tsai-McCarthy, pour avoir «fourni une plate-forme et facilité l'engagement de Tsai Ing-wen dans des activités de ''séparatisme taiwanais'' aux Etats-Unis». Il est désormais interdit aux deux organisations d'effectuer des transactions et de coopérer avec des entités chinoises, tandis que quatre personnes liées à ces organisations se voient interdites d'entrer en Chine ou d'y exercer des activités commerciales.