Un porte-avions dans le Pacifique et un tout nouvel avion de combat: l'armée chinoise montre ses muscles à moins d'un mois de l'investiture de Donald Trump, qui a ravivé la tension avec l'île de Taiwan. A quelques jours d'intervalle, la presse officielle chinoise a annoncé que le porte-avions «Liaoning», se rendait pour la première fois dans le Pacifique, puis qu'un nouveau chasseur, le FC-31, avait effectué un premier essai en vol. Ces démonstrations de force résonnent au moment où Pékin s'alarme de l'arrivée à la Maison- Blanche le 20 janvier de Donald Trump, qui n'a pas été avare de piques à son endroit depuis son élection début novembre. Le bouillant milliardaire a rompu avec quatre décennies de politique américaine en prenant un appel téléphonique de la présidente taiwanaise, Tsai Ing-wen, alors que la Chine interdit tout contact officiel entre ses partenaires étrangers et des dirigeants de Taïwan, île qu'elle considère comme une de ses provinces. Donald Trump a ajouté de l'huile sur le feu en évoquant un possible rapprochement avec Taiwan, alors que Pékin n'a jamais renoncé à la possibilité de recourir à la force pour rétablir sa souveraineté sur l'île, séparée politiquement du continent depuis 1949. Dans ces conditions, les exercices menés en mer par le Liaoning, un porte-avions que Pékin a racheté à la Russie, ne passent pas inaperçus, d'autant que le bâtiment, accompagné de plusieurs navires de guerre, n'avait encore jamais gagné le Pacifique depuis sa mise en service en 2012. Après un passage dans l'océan au sud du Japon, la flottille se trouve désormais dans la très contestée mer de Chine méridionale, selon le ministère taiwanais de la Défense, qui a surveillé le passage du porte-avions dimanche au large de ses côtes. Ces manoeuvres ont été précédées d'exercices «de ravitaillement et de confrontation en vol», selon l'agence Chine nouvelle. Mi-décembre, la marine chinoise avait annoncé que le bâtiment avait mené ses premiers exercices avec des tirs réels, notamment une dizaine de missiles. Pékin souligne que ces exercices prévus à l'avance sont de routine, mais la presse chinoise se félicite de savoir que le Liaoning est prêt au combat, et qu'un autre porte-avions, de fabrication entièrement chinoise celui-là, est en construction. «Les porte-avions sont des outils stratégiques qui servent à montrer la puissance de la Chine au reste du monde», indique le très nationaliste Global Times, qui se prend à rêver du jour où un porte-avions chinois croisera au large des côtes américaines. «Si la flotte peut croiser dans des zones où les Etats-Unis ont des intérêts vitaux, cela changera la situation dans laquelle les Etats-Unis peuvent unilatéralement mettre la pression sur la Chine», souligne le journal. En attendant, Pékin doit accélérer la construction d'autres porte-avions et «réfléchir immédiatement à l'établissement de bases de ravitaillement en Amérique du Sud», suggère-t-il. Outre la marine, Pékin modernise aussi son armée de l'air. Le quotidien China Daily a rapporté hier que la Chine venait de tester en vol un nouveau prototype d'avion de combat furtif, une version améliorée du FC-31 Gyrfalcon, précédemment connu sous l'appellation J-31. L'avion peut transporter huit tonnes d'armes, notamment six missiles en soute et six autres sous ses ailes.