L'annonce depuis Pékin de la réconciliation entre l'Iran et l'Arabie saoudite a provoqué une onde de choc, partout dans le monde, et notamment au Moyen-Orient où leur antagonisme était depuis de longues décennies instrumentalisé. Il a fallu sept ans et cinq cycles de négociations entre les deux puissances régionales pour parvenir à cet accord sur le rétablissement de leurs relations diplomatiques et si la médiation chinoise, aussi discrète qu'efficace, a fini par prévaloir, d'autres pays ont également oeuvré à ce happy end, l'Irak tout particulièrement. L'initiative du président Xi Jinping est significative de la volonté de la Chine de s'impliquer davantage dans le champ des conflits régionaux après avoir fait longtemps prévaloir le dossier de l'économie, quitte à y défier les Etats-Unis. Téhéran et Riyadh vont donc rouvrir leur ambassade dans deux mois à peine et les accords de coopération et de sécurité conclus en 1998 et 2001 vont être relancés. Plus encore, des investissements saoudiens massifs sont envisagés en terre chiite! Pour comprendre les raisons et les conséquences de ces retrouvailles, il convient de savoir que les tensions aggravées dans la région du Moyen-Orient où l'entité sioniste joue avec le feu imposent aux deux pays de reprendre langue pour faire face aux défis. Rompue en 2016, leur relation est devenue plus que nécessaire. L'Iran a fait face, en 2022, à d'imposantes manifestations, aux accusations occidentales de livraison de drones à la Russie et à une prétendue découverte d'uranium enrichi à plus de 84% dans les installations nucléaires. L'Arabie saoudite, elle, s'est vue exclue du champ des préoccupations américaines, centrées de plus en plus sur les enjeux du Pacifique et ses démarches pour l'achat des armes se sont heurtées au veto du Congrès des Etats-Unis. De là à comprendre que les temps ont changé, il n'y avait qu'un pas et le prince héritier Mohamed Ben Salmane, dont l'ambition est de propulser l'Arabie saoudite dans la modernité, n'a pas hésité à le franchir. Le climat international était donc devenu menaçant, aussi bien pour l'Iran que pour l'Arabie saoudite, chef de file du CCG et acteur majeur dans les enjeux financiers, politiques et économiques, ce qui rendait leur rapprochement inéluctable. Riyadh compte trouver dans cette ouverture la solution à divers conflits, comme au Liban, en Syrie et surtout au Yémen. Dans ce pays, l'Iran joue de son influence mais il ne dirige pas les Houthis. On peut imaginer que l'expertise et le savoir-faire de l'Algérie, en la matière pourraient contribuer à la solution recherchée, et l'entretien téléphonique entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue iranien Ibrahim Raïssi aura sans doute porté sur ces questions. Le Liban dont la situation économique et sociale reste préoccupante se trouve dans une impasse pour la nomination d'un président et, là encore, les évènements actuels sont de nature à laisser entrevoir une prochaine embellie, même si le Hezbollah a réaffirmé récemment son soutien à la candidature de Soleiman Frangié, écartée par l'Arabie saoudite. Toujours est-il que la tendance à l'unification des rangs, imprimée par l'Algérie lors du Sommet arabe d'Alger, les 1er et 2 novembre 2022, a fait son chemin et laisse entrevoir des avancées probantes pour la nation arabo-islamique. Elles seront primordiales pour le peuple palestinien martyr, confronté à un sionisme haineux et barbare face auquel la communauté internationale demeure figée dans une douteuse réserve et une impuissance avouée. Le fait que le prochain Sommet arabe aura lieu en Arabie saoudite, dans un mois, alors que les différends qui minaient les relations avec l'Iran sont devenues caduques, constitue une réelle opportunité pour parachever le formidable travail consenti par l'Algérie en faveur de la réunification des rangs arabes, d'une part, et de l'unité des factions palestiniennes, d'autre part. Nul doute que, parmi toutes les raisons qui poussent à l'optimisme, le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe sera le prochain évènement à célébrer...