Venu se recueillir sur des sites emblématiques de la révolution, Belkhadem n'est pas arrivé les mains vides. Une nouvelle ère commence. Week-end émouvant. Le chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, a tenu la promesse faite d'aller aussi loin que possible pour renouer les fils avec la population de Kabylie, longtemps tenue à l'écart du développement et de l'édification économique. Dans ses déplacements dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa où il a rendu hommage à des dates importantes de la révolution, en s'inclinant sur les tombes des martyrs, Belkhadem a mis l'accent sur l'importance de l'histoire et des racines, mais il n'a pas oublié d'aborder de front les problèmes quotidiens des gens et les projets économiques. Ce langage de la vérité a touché son auditoire, qui est fatigué des discours oiseux et qui attend des actes. Accompagné du ministre des Affaires religieuses et d'une forte délégation de personnalités religieuses, le chef du gouvernement et non moins secrétaire général du Front de libération nationale était ce jeudi à Béjaïa, plus précisément à Tamokra où il a eu à assister à la cérémonie commémorative du cinquantième anniversaire du bombardement et l'incendie de la zaouia Sidi Yahia El Aidli. Attendue par les autorités locales civiles et militaires, la délégation gouvernementale a eu un accueil chaleureux. L'allocution de bienvenue faite par le doyen de la zaouia, le Premier ministre et son ministre des Affaires religieuses ont évoqué tour à tour le rôle joué par les zaouias du pays en général et celle de Tamokra en particulier dans la libération d'un pays et la préservation de l'identité nationale. A ce titre un vibrant hommage a été rendu aux quatorze martyrs tombés lors du bombardement intensif de 1956 qui, pour rappel, avait rasé aussi bien le village de Tamokra que la Zaouia. La délégation gouvernementale s'est ensuite recueillie dignement sur le tombeau de Sidi Yahia mais non sans avoir visité l'antique mosquée et l'ancien site de la zaouia où on a fait part au ministre du projet de construction d'un institut d'enseignement coranique d'une capacité de 205 places à réaliser non loin de la zaouia. Après un déjeuner offert en son honneur et celui de tous les visiteurs, le chef du gouvernement quittait Tamokra pour Guendouza, localité d'Akbou, où la délégation gouvernementale a eu à s'enquérir de l'état d'avancement des travaux de réalisation de l'institut islamique. C'était donc là un hommage et une reconnaissance officielle de l'Etat algérien à une confrérie de Kabylie. La zaouia de Tamokra est l'une des plus anciennes du pays. Fondée en 1440 par chikh Yahia El Aidli, un jurisconsulte de l'époque aux archs Ath Abbas, cette zaouia est devenue un véritable institut qui accueillait des étudiants des quatre coins du pays mais aussi de toutes les régions de l'Afrique du Nord. Aujourd'hui encore on vient de partout pour ce patrimoine historique. Le fondateur mourra après avoir vécu plus d'un siècle. Sérénité Cette visite inattendue n'est bien évidemment pas passée inaperçue, tant la présence des officiels à Béjaïa est à présent souhaitée dans ce qu'ils peuvent apporter comme sérénité et retour à la normale. Celle de Belkhadem était justement à inscrire dans ce registre. La Kabylie qui était longtemps mise à l'écart est à présent convoitée par les politiques dont, outre l'intérêt proprement partisan, veulent mettre cette région sur le rail du développement. Lequel développement ne saurait être sans une réelle décrispation de la situation. Après avoir pris l'engagement de concrétiser la plate-forme d'El Kseur et de poursuivre le dialogue avec les représentant du mouvement citoyen, le chef du gouvernement opère, pour ainsi dire, une descente sur le terrain comme pour dire que cette région ne pourra pas exister sans l'Algérie et vice versa. Cette courte visite de courtoisie du chef du gouvernement, vaudra tout son pesant d'or si elle est suivie par d'autres hautement plus profitables sur les plans politique et économique. Une attente est plus que pressente ici en Basse Kabylie où l'on a plus besoin d'une relance économique véritable. «Les problèmes sont partout les mêmes» La paisible commune d'Iferhounène perchée a environ 70km de la wilaya de Tizi Ouzou, a accueilli, hier, le chef du gouvernement, à l'occasion des festivités de la commémoration de la mort d'un des illustres moudjahidine de la région, Si Amar Aït Cheik. Ce dernier est tombé au champ d'honneur en 1956. Le déplacement de M.Abdelaziz Belkhadem dans cette région martyre qui a beaucoup souffert lors de la guerre de Libération nationale, et qui continue de vive dans des conditions intenables, a semble-t-il, mis un brin d'espoir dans le coeur des habitants. Et pour cause, le Premier ministre s'est engagé à plancher sérieusement sur le sort des citoyens de cette localité. Le président de l'APC d'Iferhounène a ainsi énuméré au chef du gouvernement les doléances de la population. Il est vrai que la daïra d'Iferhounène demeure toujours dépourvue d'énormes infrastructures de base. Les riverains subissent le cruel destin notamment en saison hivernale où la neige est trop souvent rigoureuse ou point même d'isoler, des semaines durant, les villages du reste du monde. C'est là l'idée qu'a mise en exergue le premier magistrat de cette municipalité dans son entretien avec le chef de gouvernement. Ce dernier n'a aucunement manqué d'afficher sa disponibilité à oeuvrer dans le sens d'aide à la population d'Iferhounène à rompre avec un quotidien plein d'aléas. C'est en somme le coeur de M.Abdelaziz Belkhadem, Il a exhorté également les autorités locales à mettre la main à la pâte pour la réalisation du programme de développement dans la région. «Il faut seulement travailler car, l'argent il y en a. on va vous aider à réaliser des projets» a-t-il dit au cours de son allocution à la Maison de jeunes au chef-lieu de commune, avant d'ajouter, dans le même ordre d'idées: «Il y a une grande partie de vos doléances que je peux satisfaire, comme les routes et l'alimentation en eau potable. Pour ce qui est de l'hôpital, je ne suis pas en mesure de m'engager maintenant avant d'étudier les possibilités d'implantation d'un établissement. Seulement, je sais qu'on peut réaliser un centre de santé pour surtout les urgences et la maternité», a-t-il déclaré encore devant une assistance bigarrée qui a répliqué par des tonnes d'applaudissements et des youyous. Parlant de l'histoire de la région, le chef du gouvernement a rendu un vibrant hommage aux martyrs d'Iferhounène, comme il citera, au passage, Fatma N'soumer, l'héroïne nationale qui a combattu le colonialisme français aux côtés de Chikh El Hadah. «Un pays qui n'a pas d'histoire ne pourra pas avoir des racines, et c'est avec l'histoire qu'on peut faire naître l'espoir pour les générations montantes», a-t-il dit à ce sujet, avant de poursuivre: «L'Algérie est sortie du problème du terrorisme. Elle est, aujourd'hui, unie et indivisible. D'ailleurs, les problèmes d'Aït Saci ou d'Ibelkissen sont les mêmes que ceux de Djelfa, Tébessa, Tlemcen...» Enfin, notons qu'au cours de sa visite, M.Belkhadem a marqué des haltes, notamment à la zaouia de Sidi Moussa, à la stèle des chouhada d'Ibelkissen et Aït Saci, et ce, avant de quitter la région d'Iferhounène, au milieu de la journée.