Israël n'a réalisé aucun de ses objectifs et fonde ses espoirs sur le Conseil de sécurité. La guerre qu'impose Israël au Liban entre aujourd'hui dans son deuxième mois, sans que l'Etat hébreu ait réussi à réaliser ses objectifs qui étaient de «désarmer» et neutraliser le mouvement de résistance libanais, le Hezbollah et, éventuellement, comme l'a laissé entendre le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, «liquider» son chef charismatique, Hassan Nasrallah. Or, l'armée israélienne est tombée sur un roc, la résistance pied à pied des miliciens du Hezbollah qui rendent coup pour coup à la plus puissante armée du Moyen-Orient. Ayant échoué à prendre pied au Sud-Liban lors de ses offensives terrestres -comme en témoigne son recul de Bint Jbeil après une semaine de combat- rencontrant une résistance farouche, Israël a privilégié de combattre de loin en continuant à pilonner le pays dans des raids meurtriers sur le Sud-Liban et la capitale Beyrouth. Si ces raids ne lui ont pas apporté la victoire, ils ont, en revanche, détruit de larges portions du pays du Cèdre et fait plus d'un millier de victimes parmi les civils. Destructions et meurtres qui entrent en droite ligne avec les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité tels que prévus par le droit international et notamment les conventions de Genève sur la protection des civils et des infrastructures économiques et sociales en temps de guerre. Au moment où Israël s'enlise chaque jour un peu plus dans la guerre qu'il a imposée au Liban, le Conseil de sécurité, dans une course contre la montre, tente de trouver un solution consensuelle à même de permettre l'instauration d'un cessez-le-feu. Alors que la France et les Etats-Unis, co-auteurs du projet de résolution, estimaient avoir fait un grand pas en s'entendant entre eux sur le texte de la résolution, l'opposition du Liban au document -dans sa première mouture- a remis en cause toute l'architecture d'une résolution qui, à l'évidence, n'a pris en compte que les demandes d'Israël. De fait, Israël espérait toujours, hier, que le Conseil de sécurité parvienne à adopter le projet franco-américain dans son ossature première, intégrant notamment le déploiement d'une force internationale «musclée» (sous égide de l'Otan) si l'on en croit les déclarations du ministre israélien de la Justice, Haïm Ramon, selon lequel «l'objectif essentiel que nous cherchions, nous l'atteignons: éloigner la menace des roquettes sur la frontière nord d'Israël». Or, dans ce cas de figure, la prise en compte des seules inquiétudes et demandes d'Israël, sans s'arrêter sur les fondements du conflit qui sont et restent l'occupation par Israël de territoires arabes au Liban (fermes de Chebaa), en Syrie (Golan) et en Palestine (Cisjordanie, la bande de Ghaza et Jérusalem-Est) c'est aussi l'assurance que la guerre reprendra à terme -dans un mois, un an ou dix ans- comme c'est le cas depuis soixante ans si les Nations unies et la «communauté internationale» se refusent à tirer les leçons des précédentes confrontations entre Israël et des parties arabes. La guerre ouverte par Israël le 12 juillet est de fait la plus longue jamais subie par l'Etat hébreu qui a rencontré, dans le Hezbollah, une résistance à laquelle il était de loin de s'attendre quand politiques et militaires israéliens claironnaient au début du conflit que l'affaire serait réglée en une semaine, dix jours tout au plus. Compte tenu des forces en présence, une armée israélienne suréquipée et bénéficiant d'armes américaines sophistiquées -telles les roquettes à fragmentation, et les bombes à guidage laser- et une résistance chiite ne disposant que d'armes archaïques (roquettes et missiles de faible portée) le bilan pour Israël est rien moins que catastrophique au vu de ses pertes militaires estimées à quelque 100 soldats israéliens tués depuis le 12 juillet contre seulement 58 miliciens du Hezbollah morts au combat. Dans ce contexte, il est compréhensible qu'Israël mette ses espoirs dans une résolution du Conseil de sécurité, qui lui soit favorable, pour avoir ce qu'il ne put obtenir par les armes: le démantèlement et la neutralisation du Hezbollah libanais. Mais les négociations qui se mènent à New York au siège de l'ONU piétinent et avancent lentement contredisant l'optimisme dont faisaient montre jeudi, le Premier ministre britannique, Tony Blair, et l'ambassadeur américain auprès de l'ONU, John Bolton, selon lesquels il y avait de fortes chances que le vote ait lieu vendredi, (hier). Mais, hier les négociations se poursuivaient toujours, compliquées quelque part par la décision de Moscou de déposer son propre projet de résolution sur le conflit du Liban, appelant à un «cessez-le-feu humanitaire» brouillant ainsi les cartes américano-françaises. De fait, le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, qui a reçu hier, pour la troisième fois en une semaine, le secrétaire d'Etat américain adjoint, David Welch, a fait état de progrès «centimètre par centimètre» indiquant: «Il y a une avancée, même si elle est lente, centimètre par centimètre», dans l'optique de parvenir à un projet de résolution qui satisfasse le Liban, d'autant plus que l'accord du Hezbollah au déploiement de l'armée libanaise dans le Sud a levé un sérieux obstacle à un accord. Pour sa part le président du Parlement, Nabih Berri, qui assistait à la rencontre Siniora-Welch, a déclaré à la presse: «Nous avons discuté de tous les points délicats, et sur certains il y a progrès. Mais l'expérience a montré qu'il ne faut pas croire en une chose avant qu'elle arrive». De son côté, l'émissaire américain s'est contenté du minimum et de dire que «c'était un bon entretien».