Les émigrés, une chance pour la région? La ville de Tizi-Gheniff est située à environ une quarantaine de kilomètres au sud ouest de Tizi Ouzou. On s'y rend soit en empruntant la RN30 en prenant à droite depuis les Issers et l'on traverse la ville de Chabet ou alors en passant par Draâ El Mizan, Boufhima et l'on arrive à Tizi Gherniff, une ville tout en longueur avec sa rue principale qui est, en fait, un morceau de la RN30. Tizi-Gheniff comprend deux communes ; le chef-lieu Tizi-Gheniff avec 32.000 habitants et M'kira avec 20.000 habitants. En ville, mis à part les institutions telles la poste, la mairie, la daïra avec, à ses côtés, le monument du nom du colonel Ali Mellah, le fils de la région, mort au champ d'honneur et les infrastructures éducatives comme, le lycée, le technicum et les six collèges de la région, seuls les cafés, les KMS, les cybercafés faisant la concurrence aux multiples bars, constituent la ville. Le stade accueille une multitude de jeunes qui n'ont que le ballon et le cybercafé pour essayer de meubler leur temps. Au-dessus de la ville, l'hôtel Tala, attire les noctambules. A Tizi Gheniff, la sécurité est relativement assurée par la brigade de gendarmerie et la police. Certes, les gendarmes sont cantonnés dans leur brigade mais les relations avec les citoyens semblent des plus normales du moins en apparence. Les jeunes, par contre, sont comme tous les jeunes d'Algérie en proie au chômage. La région possédant une cimenterie qui avait fait ses beaux jours est actuellement malade, périclitant presque et ne produisant plus que des buses alors qu'auparavant les camions faisaient la chaîne pour le carrelage «granito» de forte réputation. Le logement est certainement l'autre «bête noire» des élus locaux. Quelques bâtiments pour la plupart des appartements, sont squattés et la nave va. Les filles, elles, sont plus malheureuses. Emprisonnées généralement entre quatre murs, elles sont là aux tâches ménagères et ne s'évadent que grâce à la télévison. Seules quelques-unes, vernies, ont pu trouver un poste soit dans l'emploi de jeunes soit dans le préemploi. Rencontrées à Tizi Ouzou, deux jeunes filles de cette région refusent absolument de parler car «cela ne se fait pas!» L'une d'elles finit par dire, «que voulez-vous que les jeunes fassent? Il n'y a rien d'autre que la télévision! Pour les jeunes garçons et filles le rêve c'est de pouvoir partir ailleurs. Trouver un travail et enfin vivre dignement!» Les garçons ne semblent pas plus chanceux et pour eux le rêve, «c'est de partir à l'étranger, essayer de se faire un peu d'argent et pouvoir s'exprimer et vivre comme tous les jeunes!». A Tizi Gheniff l'eau et l'électricité ne manquent pas, par contre le gaz naturel qui alimente le chef-lieu de daïra avec des bretelles à quelques quartiers environnants n'arrive pas dans tous les villages et hameaux et les espoirs des habitants résident justement en cet éventuel raccordement. Tizi-Gheniff est une ville où les gens semblent vivre doucement, assez peu pressés car rien ne les presse! La région a des potentialités et peut, avec l'aide de sa multitude de jeunes diplômés, relever le pari du développement, encore faut-il que les autorités donnent le coup de pouce nécessaire. La ville attend beaucoup mais la véritable aide ne peut venir que des émigrés. Des émigrés que la région compte par dizaines et qui peuvent participer au développement pour peu que les pouvoirs publics les aident dans la réflexion et dans le conseil économique.