Un groupe d'enseignants chercheurs algériens établis à l'étranger a rencontré le ministre de l'Enseignement supérieur. L'information relayée par un communiqué du département de Kamel Baddari peut paraître banale. Ce n'est pas la première fois que des chercheurs algériens exerçant dans des universités étrangères sont reçus en Algérie. Le discours politique ambiant met souvent en exergue la chance qu'a l'Algérie de compter autant de matière grise éparpillée aux quatre coins de la planète. Ces compétences scientifiques sont d'ailleurs associés au Conseil national de la recherche scientifique et des technologies (Cnrst), installé par le Premier ministre en mars 2022. Composé de 44 membres, ce conseil compte en son sein de nombreux scientifiques de la diaspora. C'est dire qu'au plan de la prise de conscience de l'importance de cette catégorie d'Algériens, il n'y a aucun problème. La donne est intégrée. Mais force est de constater qu'au niveau opérationnel, il semble que ça ne fonctionne pas comme l'auraient souhaité les autorités politiques et les chercheurs eux-mêmes. On retiendra, pour expliquer cet état de fait, la «pleine disposition» affichée par les invités de Baddari, pour contribuer «effectivement» au Conseil scientifique de l'intelligence artificielle. Cette disponibilité ne suppose-t-elle pas l'absence d'une courroie de transmission, ou d'un canal identifié qui permettrait aux chercheurs établis à l'étranger d'apporter leur contribution, sans attendre une invitation du ministre chargé de dynamiser la recherche scientifique en Algérie? Cette question a le mérite d'être posée au sens où l'on n'entrevoit pas une réponse «toute faite», à travers des instances déjà fonctionnelles et prêtes à intégrer des travaux de recherches sous la direction de ces scientifiques. Le communiqué du ministère de l'Enseignement supérieur ne fait pas secret du panel de chercheurs reçus par Baddari. Dr Mohamed Senouci, enseignant chercheur à l'université de Southern Denmark, Dr Riyadh Baghdadi, enseignant chercheur à l'université NYU Abu Dhabi et Dr Merouane Debbah, enseignant chercheur au Technology innovation institute aux Emirats arabes unis, sont les hôtes du ministre. Et ce sont donc, ces personnalités scientifiques de haut rang qui ont mis leur savoir au service de leur pays. Kamel Baddari, dont l'effort méritoire pour le développement de la science en Algérie est reconnue de tous, a mis en exergue «le grand attachement du gouvernement à son élite, tant en Algérie qu'à l'étranger». Sa seule nomination à la tête de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique atteste de cette volonté politique. Cela dit, le ministre a souligné «les efforts de l'Etat en matière d'intelligence artificielle et de mathématiques à travers la création de l'Ecole supérieure des mathématiques et de l'Ecole supérieure de l'intelligence artificielle». Un point éminemment positif à mettre à l'actif du président de la République qui a fait de l'ouverture de ces deux écoles son cheval de bataille. Le ministre apporte un début de réponse aux interrogations en notant que le Conseil scientifique de l'intelligence artificielle et l'apport des chercheurs de la diaspora sont «une partie importante et indispensable sur laquelle compte le pays pour développer l'intelligence artificielle en Algérie, en sus de plusieurs autres volets». Ce conseil composé d'experts, de chercheurs et d'enseignants spécialisés a pour mission d'introduire l'intelligence artificielle dans l'enseignement supérieur. L'heure est aux actes...