Le procès pour diffamation, intenté par l'ex- ministre de la Culture Nadia Labidi à l'encontre de la patronne du Parti des travailleurs (PT) Louisa Hanoune, n'est plus qu'à quelques encablures de son épilogue. Le verdict concernant cette affaire qui aura été en suspens durant près de huit ans sera rendu dans les tout prochains jours. Ce procès est rentré dans sa dernière ligne droite, jeudi dernier, au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, où, la phase des plaidoiries a enfin eu lieu. Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, a alors requis une amende ferme de 30 000 DA à l'encontre de la secrétaire générale du PT, sachant que la partie plaignante avait appelé à «une sanction exemplaire à la hauteur de la gravité des faits et les dommages causés à la plaignante» et réclamé 10 millions de dinars. Notons que ce procès est inédit dans les annales de la justice algérienne car opposant pour la première fois une ancienne ministre à une responsable de parti politique. Il est aussi particulier du fait qu'il aura tenu en haleine l'opinion publique durant plus de sept longues années, après le dépôt de plainte en 2015. À procès exceptionnel, plaidoiries exceptionnelles; les avocats de Mme Hanoune se sont jetés les premiers dans l'arène en tentant de faire valoir l'immunité parlementaire de leur cliente au moment de la plainte, affirmant «que celle-ci est éternelle» et met la députée à l'abri des poursuites judiciaires pour les faits en question. Cette demande a été rejetée par le tribunal et le procès a pu commencer. Mme Labidi a alors clamé: «Au nom de Dieu Le Clément et Miséricordieux, Louange à Dieu pour ce jour béni qui voit enfin se dérouler le procès de la violente campagne menée contre ma personne. Une campagne échafaudée sur un tissu de mensonges, de calomnies, de diffamations et qui a été férocement menée à travers les journaux et sur les plateaux de télévision». Prenant à son tour la parole, Mme Hanoune a tout de go fait valoir: «Je suis là pour un précédent dangereux. J'ai démissionné du Parlement en mars 2019 répondant à l'appel du peuple, et j'ai adressé un courrier au ministre de la Justice à l'époque mais la procédure ne s'était pas enclenchée. J'étais et je demeure jalouse de l'argent public. Concernant cette affaire, j'ai demandé à l'Exécutif, du temps de Sellal, d'ouvrir une enquête pour conflit d'intérêt», et de poursuivre: «Je m'élevais contre la méthode de gestion des affaires de l'Etat. Je n'ai pas porté atteinte à son honneur et ma conscience est tranquille.» Rappelant que Mme Hanoune n'était pas «née de la dernière pluie», les avocats dont Me Ghechir et Me Bouzid ont stipulé que le PT était le dernier bastion de résistance contre les partis de l'allégeance et réclamé l'innocence de leur cliente, Louisa Hanoune, devant laquelle tous les gouvernements post 2014 ont ouvert les portes de l'enfer. Les hommes en robes noires mandatés par Mme Hanoune ont alors quasiment fait le procès du secteur de la culture. Faisant preuve d'un sens aigu du détail, ils ont à maintes reprises tenté d'attirer Mme Labidi dans de dangereux précipices mais elle s'est à chaque fois abstenue de répondre à leurs questions, en recentrant le débat sur le motif du procès, à savoir la diffamation. Mme Labidi a par ailleurs signalé l'importance de ce procès qui, selon elle, doit être exemplaire, et plus important que celui, dit-elle, «qui a déjà eu lieu contre M.Djoudi, collègue de Mme Hanoune», et «où il avait été condamné pour diffamation», stipulant que cet ultime procès «concerne, aujourd'hui, la responsable de la campagne menée contre elle et non les exécutants», non sans mentionner: «Mon intention est de moraliser l'activité politique et la mission parlementaire». «Il s'agit là dune affaire d'honneur et non d'une affaire de poste, j'ai vécu une grande pression. La crise avait atteint son summum lorsque les ministres arabes de la Culture étaient en Algérie. La première responsable du PT n'a pas mesuré les conséquences et les retombées de ses attaques sur ma personne et son impact sur l'image de l'Algérie», a-t-elle conclu. Notons que dans ce procès les deux films Le Patio et L'Emir Abdelkader ont longuement alimenté le débat. Citons également le TNA et l'ambassade US à Alger...