Les prix pratiqués ici ont de quoi dissuader, écorcher le plus nanti. Contrairement aux années précédentes, notamment les quatre dernières années, la saison estivale n'a pas drainé beaucoup de monde cette année. C'est le même constat au niveau de toutes les plages de l'ouest comme de l'est de la wilaya. On n'a pas besoin de faire appel aux chiffres pour être de cet avis, qui est le point de vue de tout le monde sans exception, du simple quidam aux commerçants et autres négociants saisonniers, les plus touchés, par ce nombre réduit d'estivants en ce qu'il génère surtout comme manque à gagner. Plutôt, ça saute aux yeux. Il suffit de voir le nombre de véhicules qui circulent sur les routes. Sans omettre les bouchons et les files interminables qui constituaient, par le passé, l'enfer des automobilistes, qui ont sensiblement réduits, bien que de temps à autre, ça revient mais sans causer les débandades des saisons précédentes. Sans jeter des propos inconséquents, chaque effet a ses causes. A commencer par le commencement: la baisse de l'euro qui a enregistré une chute terrible sur le marché informel (de près de 12 jusqu'à neuf, virgule...) a dissuadé beaucoup de nos émigrés à venir, plutôt à se précipiter au pays. Autre cause, et pas des moindres, le terrorisme ayant élu domicile au niveau des autres wilayas du littoral, à l'instar notamment de Jijel, Annaba, Alger...s'est, depuis, amoindri de son intensité jusqu'à n'être presque que l'expression de son nombre, a fait que bien des estivants se rabattent sur ces localités où, pour une raison ou une autre, y trouvent le séjour agréable. A Jijel où la côte, l'une des plus mythiques du littoral algérien, est pleine à craquer, le séjour y est dix fois moins cher qu'à Béjaïa. A titre d'exemple, la location d'un appartement qui revient à 14, voire 15 millions de centimes le mois, est cédé, à Jijel, pour seulement entre 1,5 et 2 millions de centimes le mois ; pour les hôtels, c'est 8000 DA la nuit. Quant aux denrées alimentaires, leurs prix ont augmenté jusqu'à leur triplement au niveau surtout des baraques saisonnières et autres restaurants qui longent la rive. Cinq crevettes payées 800 DA, ce n'est pas de la plaisanterie, mais c'est de la réalité. Cela s'est passé au niveau de la placette de Tichy. Un cornet de glace, le même qui se vend partout ailleurs, est vendu 250 DA au village touristique Capritour, sis à quelque 15km à l'est de Béjaïa, et j'en passe. Décidément, les prix pratiqués ici à Béjaïa ont de quoi dissuader, écorcher le plus nanti, ne cesse-t-on d'entendre çà et là jusqu'à devenir un leitmotiv sur toutes les lèvres des autochtones. Toutefois, un autre phénomène, une autre pratique qui est à même de devenir une mode. C'est l'arrivée en masse des locataires de commerce, ceux-là qui affluent notamment de Batna, Sétif et Biskra. Ces derniers avaient déjà, avant l'entame de la saison estivale, pris possession des locaux commerciaux, des cafétérias et des restaurants dans différents points de la région et ce, à raison de 40 à 60 millions de centimes les deux ou trois mois de la saison. Ayant fait bonne expérience, les années précédentes où la vache à lait ne tarissait pas, d'où cet engouement, beaucoup de ces locataires commerçants, pour ne pas dire tous, vont certainement laisser des plumes cette fois-ci. Sans être alarmiste, si des mesures adéquates ne viennent pas réglementer les choses, notamment sur le plan de la location, avec en sus la prolifération des agences immobilières qui naissent l'été et qui disparaissent après, les saisons à venir risquent d'être compromises.