Hakim est l'invité de l'Onci au Casif de Sidi Fredj, pour le 23 août 2006. Hakim El Batni était membre de la glorieuse troupe El Kahina de Batna bien connue des nostalgiques du style aurésien moderne, bien avant l'apparition du raï actuel. Blasé, Hakim s'interroge sur «l'oubli» de l'APC de Batna qui ne l'a pas invité à la semaine culturelle tenue le week-end dernier à Annaba. «A l'instar des chebs des Aurès qui interprètent le folklore chaoui sur une musique moderne, je chante le moderne chaoui, créé au début des années soixante-dix», argumente le ténor connu et reconnu au-delà des frontières. Handicapé physique, il se déplace avec une béquille. De forte carrure, le chanteur des fêtes de Batna est un ténor, «voix unique en son genre dans les Aurès», lui est-il unanimement concédé dans les milieux artistiques à Batna. Hakim est à son septième album dont le dernier de cet été intitulé Sabrina, est diffusé à longueur de journée dans les kiosques et les fêtes de mariage. Ses mélodies, qui empruntent au malouf constantinois, imitent, à peu de notes près, le genre Salim Helali, Cheikh El Afrit, Raymond de Constantine. L'histoire de ce Batnéen du cru, remonte au début de 1980 lorsqu'il intégra le groupe El Moustakbal de feu Kabassi, une figure de proue de la musique moderne chaouie, dont la disparition prématurée influera sur Hakim, qui émargera alors chez le groupe Essaâda de Mostefa Abdou dit Bedj, décédé en 1992. Il faut souligner que, bien avant la chanson sandwich, pour paraphraser le chanteur chaoui Massinissa, plusieurs groupes musicaux ont vu le jour à Batna pour disparaître devant le déferlement de la chanson légère...chaouie. Prenant du recul à cause des complications de son handicap, Hakim sera adopté par le groupe El Kahina. Il réalisera son premier album Ya kmar ya ali chez l'éditeur Rachid et Fethi à Tlemcen. En 1989, son tube Marhaba beouled Sidi le propulsa au-devant de la scène et, encouragé, le ténor, aidé de la maison des frères Torki d'Alger, sortira en 1992 son deuxième album soutenu sur le plan composition musicale par son groupe de toujours, El Kahina. Evacué en urgence en France, Hakim subira plusieurs interventions avec au bout une prothèse. Durant son séjour, il enchantera la communauté maghrébine. Sentimental, affable, Hakim respire la franchise et l'ingénuité. Confiant, il écrira certaines chansons telles Bin youm oua lila et arrivera en 2002 à enrichir son palmarès avec un album édité en France (8 chansons). En 2005, inspiré par la nostalgie de l'Algérie et la malvie des sociétés européennes égoïstes, il éditera un album Fi hadh ezzamane. Dans la capitale des Chaouia, Hakim, à l'instar des chebs, s'énoncera par des chansons mixées au rythme moderne léger. Ignoré par les médias, son tabac au festival de Timgad en 2005 passera sous silence. Et Hakim, pris par le doute, ira jusqu'à mettre en cause son nom patronymique à résonance kabyle. Hakim El Batni alias Aït Ameur Meziane. Qui a peur du ténor? Hakim est l'invité de l'Onci au Casif, Alger, pour le 23 août 2006.