Au moment où la saison estivale bat son plein, Annaba pâtit de l'absence de ses visiteurs qui lui ont tourné le dos. Annaba, la perle de l'Est saigne chaque jour un peu plus du nombre d'estivants réduit à quelque 15.000 visiteurs, venus notamment de Constantine, Guelma, Tébessa et Souk Ahras pendant que les autres villes côtières, telles Skikda et Béjaïa, affichent chacune entre 6 et 8 millions d'estivants durant toute la saison estivale. Au moment où Bône la coquette s'est donnée à fond dans les préparatifs d'une haute saison exemplaire, misant sur le chiffre de 4 millions d'estivants, en mobilisant toutes les structures et infrastructures, et en déployant tous les moyens nécessaires pour atteindre le double objectif, qu'est la relance d'une économie touristique et faire de Annaba le pôle du tourisme méditerranéen, surtout que Dame nature l'a dotée de toutes les richesses et splendeurs existantes dans le réservoir naturel. Malheureusement, cela ne fut pas le cas. Tous les espoirs des responsables se sont évaporés avec les insalubrités qui jonchent les rues et les trottoirs de la ville, lui donnant un aspect repoussant, voire même écoeurant. Les visiteurs d'Annaba viennent avec l'espoir de passer des vacances agréables en bord de mer et dans des structures hôtelières luxueuses et sans se faire arnaquer par les commerçants ou agresser par des délinquants. Malheureusement, la réalité est tout autre. Annaba, autrefois Bône la coquette, réputée pour son hospitalité, est, aujourd'hui, boudée par les estivants, même les plus fidèles lui ont tourné le dos à cause du manque d'hygiène flagrant qui se reflète aussi bien sur l'environnement qui les entoure que sur les consommations. S'ajoute à cela le comportement des marchands de sommeil, qui présentent aux vacanciers des services en-dessous des espérances. D'où les chambres se trouvant dans un état déplorable et une literie indésirable, avec des prix exorbitants, ne peuvent que repousser les visiteurs. Quant au rares hôtels haut de gamme existant à Annaba ils sont victimes de l'incivisme et de la délinquance qui caractérisent la ville. D'où, selon les déclarations de certains propriétaires, tels Safsaf, l'hôtel Majestic, Rym El Djamil et El Mountazah, la situation est alarmante. Le nombre très réduit des estivants pour cette année a fait chuter leur chiffre d'affaires à 30% par rapport aux années précédentes où ils avaient enregistré entre 50 et 120%, notamment en 1997 et 1999, jusqu'en 2002. Selon M.Boughrara Yacine, propriétaire de l'hôtel Safsaf, cette saison estivale est un véritable fiasco, et ce, en dépit des mesures d'hygiène draconiennes opérées par le personnel de la structure, la carte gastronomique très variée et surtout les prix alléchants que propose cet hôtel, situé, non seulement en plein centre-ville, mais aussi au coeur de la vieille ville, appelée communément la Place d'Armes, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir les vestiges de Bône la coquette. Autre cas de déception, celui du Majestic, un hôtel situé sur le grand boulevard du 1er-Novembre dont la splendeur est visible à l'oeil nu, mais reste en rade de véritables vacanciers. Tout ce beau monde s'accorde à affirmer, à l'unanimité, que l'été 2006 à Annaba ne leur a pas été favorable. Cet état des choses est aussi confirmé par de nombreux commerçants qui se disent très insatisfaits du chiffre d'affaires réalisé. Selon Med Salah Ben Dib, il tourne autour de 40% faute de clients. Selon ses déclarations, ses principaux clients sont toujours les habitants du quartier, sauf quelques exceptions, où il reçoit des visiteurs de Constantine et de Tébessa, mais jamais d'étrangers. L'autre facteur d'échec de la saison estivale est celui de la délinquance qui a donné une réputation de «ville dangereuse» aux vacanciers, avant même qu'ils ne viennent, et ce, aux dires des personnes sur lesquelles des agressions ont été commises auparavant, notamment au niveau de la gare routière située sur la rue de l'ALN, reliant l'entrée principale d'Annaba au Centre-ville. Ce tronçon, à lui seul, donne des frissons à celui qui longe la rue à pied. Quant à l'intérieur de la gare elle-même, les voyageurs se font agresser et délester de leurs objets personnels, au vu et au su de tous ; même les agents de la sécurité, dont le nombre a doublé, trouvent du mal à contenir cette délinquance, faute d'implication du citoyen qui ne prête pas la main à ces hommes qui veillent 24h/24 sur le bien-être de tous. Effectivement, l'affluence vers cette ville, où même sur son littoral, affiche néant. Les baigneurs se comptent par dizaines sur les plages d'Annaba. Même les émigrés originaires d'Annaba cherchent loisir et sérénité dans les plages de Chetaïbi et Seraïdi, fuyant en même temps l'absence de civisme des Annabis, qui ne déploient aucun effort pour garder leurs invités, donnant ainsi, l'opportunité au tourisme tunisien de se développer au détriment du nôtre. Annaba qui fut autrefois la sirène du Nord, est devenue aujourd'hui un dépotoir à ciel ouvert. Tout porte à croire que cette ville est le Far-West de l'Algérie, où chacun à peur pour sa peau, où la sérénité est devenue denrée rare, et la détente ne rime qu'avec klaxons de voitures et motocycles. Tels sont les principaux ingrédients pour l'été 2006 à Annaba, hormis les quelques activités organisées par l'Office communal de la culture et du tourisme d'Annaba , qui a essayé tant bien que mal de redonner aux nuits d'Annaba un minimum d'activités culturelles. Ce manque d'activités porte à croire qu'Annaba est sans racines et sans histoire pouvant lui permettre de créer des festivals ayant trait aux origines de cette ville. Et le théâtre régional baignant dans une hibernation sans précédent, n'est autre qu'une nette confirmation de l'aspect fantôme d'Annaba. Aujourd'hui, il est temps de poser la traditionnelle question: pourquoi les autorités sont-elles absentes? Pourquoi sont-elles décidées à condamner Annaba, malgré sa volonté de vouloir renaître de ses cendres?