Le 20 Août 1955 et 1956, deux étapes décisives dans le succès de la Révolution algérienne. «C'est une nécessité, une obligation même de faire parler ceux qui ont participé à la Révolution pour la réécriture de notre histoire et de ne pas laisser les étrangers s'en mêler». C'est avec ces quelques mots que la moudjahida Louisette Ighil-Ahriz a voulu marquer, hier, la célébration du 50ème anniversaire de la Soummam. Pour cette dame qui a combattu l'occupation française, mais ayant été avant tout une victime de la torture, il est temps de lever le voile sur l'histoire de la Révolution algérienne, en donnant l'occasion à tous ceux qui l'ont vécue de s'exprimer et de donner la vraie version des faits. C'est d'ailleurs ce qu'a fait l'association Le flambeau du chahid qui a organisé, hier, une rencontre portant sur des témoignages sur le 20 Août 1955 et la lecture de la plate-forme de la Soummam au 50e anniversaire. Celle-ci qui a eu lieu au Théâtre de verdure du boulevard Frantz Fanon, a été animée par un historien, Mohamed Lahcen Zghidi, et par deux anciens moudjahidine, Mohamed Salah Bouslam et Abdelhafid Amokrane. Pour l'historien Zghidi, l'heure est venue pour les acteurs de la guerre de Libération d'apporter un témoignage objectif sur cette partie de notre histoire. Son livre sur le Congrès de la Soummam relate, en fait, les raisons de ce grand événement et rapporte les objectifs de la plate-forme. «Le 20 Août 1956 qui est inséparable du 1er Novembre 1954 sont les deux plus importantes dates de notre passé qui méritent d'être évoquées à tout moment», a-t-il dit. Evoquant les grandes lignes de la plate-forme de ce fameux congrès, M.Zghidi dira que l'objectif principal était d'élargir le champ du mouvement révolutionnaire et d'organiser la société civile dans ce sens. «Il y a eu ainsi la naissance de plusieurs mouvements syndicaux des travailleurs, des commerçants et des étudiants», a-t-il ajouté. Selon cet historien, le Congrès de la Soummam fut sanctionné par des décisions capitales ayant permis «l'établissement d'un Etat parallèle à l'Etat colonial en Algérie». Ces décisions donnèrent lieu à la mise en place de structures politico-militaires rigoureuses nécessaires à la poursuite de la lutte de Libération nationale sur de nouvelles bases, assurant l'efficacité de l'action sur tous les fronts. Le moudjahid Bouslam a axé son intervention sur les exploits du grand homme qui a présidé le congrès, le chahid Abane Ramdane. «Au jour d'aujourd'hui, intellectuels et acteurs éclairés du mouvement de libération s'accordent sur la pertinence des idées de Abane et la profondeur de sa contribution propre à la consécration de la Révolution». Quant à Abdelhafid Amokrane, il témoigne que le Congrès de la Soummam était prévu pour le 5 juillet 1956. Krim Belkacem et Amirouche ont été chargés de la préparation de cet événement, une année après l'offensive du 20 Août 1955. «Le lieu pour la tenue du congrès posait un grand problème», a-t-il dit avant de poursuivre: «Au début il était prévu de le tenir à la citadelle des Beni Abbes où a été enterré Mohamed El Mokrani. Mais l'armée française a détruit le village». Le choix a été porté, à la fin, sur le village Ouzellaguen dans les montagnes d'Ifri à Béjaïa, entamant par cette réunion une nouvelle phase de réorganisation du combat, marquée par une nouvelle stratégie en matière d'approvisionnement, de communication et de coordination entre les régions..