Elle le décrit comme «le chantre amoureux de Constantine». Pour elle «Constantine est son univers où le paysage, les êtres, les souvenirs et l'esprit se mêlent harmonieusement, où son âme s'est forgée une armure irréductible entre Rab'in Chrif et le pont de Sidi Rached. Son don artistique s'est révélé dans l'atelier de peinture et de décor de Roger Marius Debat, au théatre municipal. Pour la Directrice de l'Institut français, Charlotte Aillet, «ce n'est par le dessin, puis la peinture que Benyahia choisit de faire jaillir ce qui retient l'homme à son rocher, avec qui il a fait chair au point de lui pardonner toutes ses infidélités, tous ses manquements, toute sa rudesse et son adversité. Au point de se battre presque physiquement pour sauver les traces, conserver les empreintes de l'histoire, y compris celles qui subsistent de ses sombres périodes». Retraçant ainsi les pas de son parcours dans le monde artistique, l'artiste incontestable, s'est ainsi distingué par sa grande sensibilité, dira Malika qui parlera de lui durant plus d'une heure jeudi dernier à l'Institut français qui a abrité une conférence sur la vie et l'oeuvre de l'artiste couronné par un vernissage de l'exposition en présence de l'artiste. Celui-la même qui a surpassé toutes ses craintes, restant fidèle à ses principes et ses convictions. Pour les Constantinois, Ahmed Benyahia qui dira lui-même «au lieu de regarder ce qui est au fond de moi, je regardais ce qui était autour de moi», est une révélation eurythmique hors commun. Un phénomène artistique à la patience inaccoutumée, puisque il aura attendu 50 ans pour l'exposition de la statue du martyr Zighoud Youcef. Une statue en bronze qui a été réalisée par le Grand artiste qui a fait l'objet d'une conférence à l'université américaine de Yale sous le titre «Ahmed Benyahia et sa statue commémorative du martyr». La maître de conférence en post-doctorat, Vish Sakhtivel, présente la professeure Susan Slymovics de l'université de Californie dans l'Etat de Los Angeles comme une référence ayant porté un intérêt particulier a cette statue comme une véritable oeuvre d'art, mais notamment mettre en évidence le travail exceptionnel de l'artiste qui verra enfin sa statue exposée après avoir attendu des années. La professeure l'a désignée comme une statue politique vu son importance et vu le parcours du martyr Zighoud Youcef. Elle présentera un portrait de l'artiste concepteur par excellence de cette oeuvre, mais aussi du Chahid. C'est de cette façon également que l'artiste a été présenté au public présent à l'IF en force pour découvrir l'âme de l'auteur d'oeuvres fascinantes et expressives. L'on découvre à travers ses dessins son soutien indéfectible à la cause palestinienne, mais aussi a toutes les causes justes. Toujours souriant avec ses habits décorés comme d'habitude d'une écharpe en couleurs vives et sa cravate papillon, l'artiste au grand coeur et à l'âme fine a réussi non pas à s'imposer, mais a se faire aimer malgré toutes les contraintes véhiculées contre son avenir. Ahmed Benyahia est un artiste âgé aujourd'hui de 80 ans. Sa vie retracée par Malika est une longue aventure dont on tire des enseignements. En un mot Ahmed Benyahia est une école.