Confrontés à la réalité du terrain d'une part, au flou entourant le mandat de la Finul dans la résolution 1701 sur le Liban -qui a imposé le cessez-le-feu après 34 jours de guerre- d'autre part, beaucoup de pays qui avaient promis d'envoyer des troupes pour renforcer la Finul (Force intérimaire des Nations unies pour le Liban) ont quelque peu fait marche arrière. Sans se rétracter totalement, ils hésitent, néanmoins, à envoyer leurs soldats au Liban sans garanties supplémentaires de la part de l'ONU. C'est notamment le cas de l'Espagne, de la Belgique et de la France. Pour le cas de la France, cela est un peu étonnant d'autant plus que Paris a co-parrainé -avec Washington- la mise au point du projet de résolution. En effet, comme l'ont demandé de nombreux pays désireux de contribuer au renforcement de la Finul, la France réclame, à son tour, des «garanties» pour la sécurité de ses soldats et une «clarification du mandat» de la Finul élargie avant l'envoi éventuel de troupes supplémentaires. La France, qui a déjà envoyé un premier contingent de 50 hommes, a décidé, hier d'en déléguer 150 autres. Ce qui reste nettement insuffisant au regard des demandes et attentes de l'ONU quant à la contribution de la France de laquelle était attendu au moins l'envoi de 2000 hommes pour renforcer la Finul élargie. La Finul instituée en 1978, qui compte actuellement environ 2000 hommes -fournis par une dizaine de pays, dont la France, dont le général français Alain Pelégrini en est le responsable- doit voir ses effectifs augmentés à 15.000 hommes avec, théoriquement, un mandat plus conséquent -que celui l'ayant créée en 1978- selon la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a mis fin le 14 août aux combats entamés le 12 juillet entre Israël et le Hezbollah. Selon le lieutenant colonel français, Laurent Romeur, qui accompagnait, hier, les 150 soldat partis de Toulon -qui rejoindront les 50 autres qui ont déjà pris leurs quartiers à Naqoura- la mission devrait durer de «deux à quatre mois, mais nous nous préparons à y rester deux mois de plus». En tout état de cause cette volte-face de la France, qui est revenue sur son premier engagement, a surpris d'aucuns, notamment les Israéliens chez qui cela a provoqué «stupeur» et «désarroi» selon un haut responsable israélien des affaires étrangères qui a espéré cependant «que la France n´a pas dit son dernier mot». La décision de la France tout en surprenant a aussi déçu l'ONU qui en attendait beaucoup. Ce n'est qu'une fois le cessez-le-feu obtenu et entré en vigueur que l'ont s'est aperçu de ses lacunes, y compris de la part de l'un de ses rédacteurs, la France en l'occurrence. De fait, la violation, samedi, par Israël de la trêve, la décision de l'Etat hébreu de passer outre la résolution 1701, à chaque fois que nécessaire et de continuer d'imposer sa loi à son entourage, ont quelque peu découragé nombre de pays qui craignent maintenant de se faire prendre au piège d'une guerre dont ils ne maîtrisent pas toutes les données. Un capitaine du contingent français, François Quiot, résume le sentiment général lorsqu'il a dit «sur les moyens de se défendre, la résolution de l´ONU n´est pas très claire, c´est aux politiques et aux diplomates de donner des précisions» Aussi, les appels répétés de l'ONU en direction des pays contributeurs n'ont pas eu les échos attendus à New York, beaucoup de pays hésitant à s'engager ont d'ores et déjà réduit leur promesse comme la France et l'Italie. En effet, Rome qui était en pointe dans la ligne des contributeurs a revu à la baisse sa contribution à la nouvelle Finul élargie. Ainsi, de l'envoi de 3500 soldats au Liban, Rome ne parle plus que de 2000, peut-être 2200 hommes. Pour dire que le moment est plus à la réflexion qu'à l'action du côté des Européens. Selon La Républica d'hier, l'Italie n'enverra plus «(...) 3500 hommes appuyés par cinq bâtiments militaires, mais plutôt 2000 ou peut-être 2200 hommes et une force navale plus restreinte. Même la première vague d´envois, qui semblait devoir être de 1200 personnes, devrait être réduite à 700», indique le quotidien romain qui citait des «indiscrétions». Supputations que confirme le Corrière della Sera selon lequel «Une des hypothèses circulant sur le contingent italien au Liban en prévoit la réduction à 2 200 soldats» Quelques jours auparavant, le ministre italien des Affaires étrangères, Massimo d´Alema, avait déclaré que son pays était prêt à envoyer «jusqu´à une brigade, soit près de 3000 hommes». Le recul de l'Italie, et d'autres pays, semble dû au flou qui entoure le mandat de la Finul. A ce propos, à la demande de la France, les 25 de l'Union européenne vont se réunir cette semaine à Bruxelles, pour débattre de cette question en vu de «clarifier» les tenants et aboutissants de la participation européenne à la force de stabilisation de l'ONU.