Des soldats libanais ont commencé, jeudi, à faire mouvement vers le sud du pays où ils ont été accueillis triomphalement par la population. L'armée libanaise qui a fait mouvement jeudi vers le Sud a poursuivi, hier, son déploiement dans cette région du Liban d'où elle était absente depuis une quarantaine d'années. Ce déploiement se fait selon un processus établi par l'ONU afin qu'il n'y ait pas de contact direct entre les armées libanaise et israélienne, cette dernière remettant au fur et à mesure des secteurs qu'elle occupe au Sud à la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) laquelle remet, à son tour, le secteur à l'armée libanaise. Comme prévu par la résolution 1701, votée le 11 août dernier, l'armée libanaise va se déployer progressivement pour prendre le contrôle de l'ensemble du sud Liban et ce, dans l'attente du renforcement de la Finul, dont les troupes doivent passer de 2000 soldats, actuellement, à environ 15.000 hommes qui viendront en force d'appoint aux 15.000 soldats libanais déployés dans le Sud et aux frontières du Liban avec Israël. Hier, une cohorte de camions militaires faisait son entrée dans le village de Khiam, un des bastions du Hezbollah, totalement détruit lors des combats avec l'armée israélienne. Outre la localité de Khiam la 10e brigade d'infanterie libanaise s'est positionnée hier dans le triangle formé par les villages de Zamaraya, Hasbaya et Marjayoun, dans le sud-est. Selon le général Charles Chikhani, chef de la brigade qui a pris position dans ce secteur - situé à sept kilomètres de la frontière avec Israël - «Le déploiement va se poursuivre aujourd'hui (hier) dans ce secteur mais pas dans le secteur de Kfar Kila et la porte de Fatima, car il y a encore une présence résiduelle israélienne». Kfar Kila surplombe la localité israélienne de Métoulla. La porte de Fatima est un passage frontalier entre les deux pays. L'armée libanaise qui a fait hier son entrée au village de Chebaa a été accueillie triomphalement par la population qui l'a longuement fêté. Pour nombre des habitants de la région, la présence de l'armée nationale du Liban est une première et sans doute aussi une résurrection annonçant la véritable libération Il ne fait pas de doute aussi que le déploiement de l'armée libanaise va prendre du temps d'autant plus qu'il va falloir compter avec les impondérables tel l'état des routes et l'absence de commodités de première nécessité. Mais, l'autre problème qui risque de se poser à terme est celui du renforcement de la Finul. Les pays contributeurs ont, en effet, demandé à réfléchir un peu plus avant de prendre une décision définitive. Cette hésitation est en fait concomitante du refus du Hezbollah de désarmer «hâtivement» ses milices. Par ailleurs, le flou entourant le mandat de la Finul élargie n'était pas de nature à encourager les pays contributeurs à se précipiter au Liban, nombreuses étant les capitales qui hésitent maintenant à s'engager militairement sur le terrain. Beaucoup de promesses ont été données à l'ONU, mais peu d'entre-elles semblent devoir se concrétiser rapidement. Arès une réunion avec les représentants de 49 pays candidats à l'envoi de troupes, le secrétaire général adjoint de l'ONU, Mark Malloch Brown, devait faire ce triste constat, l'organisation a reçu, selon lui, beaucoup d'offres mais n'arrive pas cependant à réunir les 3500 soldats devant former le premier contingent de la Finul renforcée que l'ONU souhaitait envoyer sur le terrain dans les 10 prochains jours. Mark Malloch Brown a ainsi indiqué jeudi: «Nous avons eu beaucoup d'offres intéressantes», certaines étaient «assez fermes», d'autres «conditionnées à un examen attentif du concept d'opération» de la future force. Ce refroidissement apparu chez les contributeurs est consécutif à la déclaration du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a exclu, mardi, qu'un désarmement soit décidé «hâtivement». L'autre volet qui fait hésiter les contributeurs reste la définition du mandat qui sera celui de la nouvelle force onusienne. Selon le secrétaire général adjoint de L'ONU, Mark Malloch Brown, la Finul élargie sera «une force musclée et bien équipée», mais non «offensive». Hier, l'Italie a été la première à lever l'incertitude en donnant le feu vert à l'envoi de 3000 soldats au Liban. Mais, cet accord du gouvernement doit encore recevoir l'approbation des commissions de la défense et des affaires étrangères de l'Assemblée et du Sénat. Selon des sources proches de l'ONU à New York, le Bangladesh, l'Indonésie, la Malaisie et le Népal ont proposé, chacun, au moins un bataillon et le Danemark, deux navires de guerre. Par ailleurs, l'Espagne, l'Egypte, le Maroc et la Belgique ont fait savoir qu'ils étudiaient la situation avant de s'engager fermement, selon cette source. D'un autre côté, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie a indiqué, hier, qu'un bataillon du génie faisait route pour le Liban-Sud afin de renforcer la Finul, après l'annonce, la veille, par la France de l'envoi de 200 hommes. Toutefois, l'ONU reste loin du compte et de ses espoirs de réunir rapidement au moins 3500 militaires qui seront envoyés en avant-garde de la Finul élargie conformément aux recommandations de la résolution 1701.