Dubitatifs, les Européens se concertaient, hier, à Bruxelles avant une réunion, demain, avec le secrétaire général de l'ONU. C'est l'expectative totale quant à la mise en place de la nouvelle force internationale des Nations unies au Liban, (Finul, qui remplace l'ancienne Finul, forces intérimaires de l'ONU au Liban), notamment parmi les Européens appelés à fournir le gros des troupes. Le désistement surprise de la France du commandement de la Finul qui lui était promis a induit un flottement parmi les pays contributeurs quelque peu désarçonnés par la volte-face de Paris. L'autre point qui fait jusqu'ici hésiter de nombreux pays à envoyer leurs soldats au Sud Liban reste le flou. Or, tout le monde s'accorde à dire que le temps presse d'autant plus que le cessez-le-feu demeure fragile, menacé, par ailleurs, par la persistance d'Israël à mener des opérations commandos très dommageables pour la trêve établie par la résolution 1701 du 12 août dernier. Entourant le mandat et la mission de la Finul dans sa nouvelle architecture. Le temps presse d'autant plus comme le rappelait le secrétaire général de l'ONU qu'Israël a poursuivi ces derniers jours, en dépit du cessez-le-feu, des opérations commandos, comme celle, en milieu de semaine à Baalbeck dans la Bekaa, et celle d'hier dans le Sud-Liban. Ces deux opérations se sont soldées par des échecs occasionnant la mort à deux officiers israéliens et des blessures graves à six soldats. C'est dire s'il est urgent de mettre en place cette force internationale qui doit renforcer l'armée libanaise déjà sur le terrain qui tente, par ses propres moyens, de déminer une région rendue mortelle par les mines et les bombes non explosées laissées par l'armée israélienne. De fait, trois soldats libanais sont morts hier en tentant de désamorcer une bombe. C'est dans ce contexte que l'Union européenne a organisé, hier, à Bruxelles, une réunion des 25 dans la perspective de trouver une solution au problème du renforcement de la Finul, même si la question du commandement de cette force semble avoir trouvé un dénouement avec l'acceptation par l'Italie de prendre la relève de la France. Les journaux italiens d'hier, estimaient, en effet, que l´Italie envisage de déployer au Liban des troupes d´infanterie de marine, une unité de parachutistes, une unité blindée et une unité mécanisée dotée de moyens amphibies, soit plus de 2000 hommes au total. Ce nombre d'hommes de troupe reste certes appréciable, mais cependant insuffisant pour répondre à la demande de la Finul élargie dont la composante a été fixée par la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU à 15.000 hommes. L'ONU multipliait, ces derniers jours, les contacts avec les pays contributeurs ou potentiellement à même de participer à la force onusienne appelée à épauler l'armée libanaise, qui s'est déployée au lendemain de l'adoption de la résolution 1701 au Sud-Liban, pour la première fois depuis quarante ans. Beaucoup de pays sont, en fait, candidats mais demandent des garanties à l'instar des Européens peu désireux d'envoyer leurs soldats à l'aventure d'autant plus que le Hezbollah, qui est réapparu au Sud-Liban n'est pas prêt à désarmer tant que subsistera un pouce de territoire libanais occupé par Israël. Aussi, dix jours après l'adoption par l'ONU de la résolution 1701, la mise sur pied de la force internationale de stabilisation n'a guère progressé et les diverses parties en sont encore à débattre de la manière de la constituer. Dans cette optique, les 25 Européens qui se sont réunis hier entre eux, se retrouveront à nouveau demain pour une nouvelle réunion «extraordinaire» cette fois-ci avec la participation du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Aussi, l'incertitude européenne se traduit par le fait que les troupes de l'UE ne rejoindront pas leur cantonnement libanais avant quinze jours selon le chef de la diplomatie néerlandaise, Ben Bot, qui se trouvait mardi à Beyrouth qui a indiqué à la presse: «Nous tentons de déployer des forces aussi rapidement que possible et j´espère qu´elles seront là dans les deux semaines à venir». Toutefois un autre problème risque de surgir dans les prochains jours avec le refus de Damas de voir se positionner à ses frontières des troupes de la Finul. Ainsi, le président syrien, Bachar Al Assad n'a pas caché son «hostilité» à un déploiement de la force internationale aux frontières entre le Liban et la Syrie. Sur un autre plan, l'organisation humanitaire Amnesty International, a accusé Israël, dans un rapport publié hier, de «crimes de guerre» indiquant que: «La destruction extensive de centrales électriques, d´usines de traitement des eaux ainsi que d´infrastructures routières indispensables pour le transport de la nourriture et de l´aide humanitaire était délibérée et faisait intégralement partie de la stratégie militaire» d´Israël dans le sud du Liban, accuse Amnesty International. La secrétaire générale adjointe exécutive d'Amnesty, Kate Gilmore, relève, par ailleurs, que beaucoup de ces attaques ciblées contre des structures civiles, «des attaques aveugles et disproportionnées sont des crimes de guerre» a insisté Kate Gilmore, M.Gilmore rappelle, à cet effet, l'affirmation du chef d'état-major israélien, le général Dan Haloutz, lors de l'offensive militaire contre le Liban et selon lequel «rien n´est à l´abri (au Liban), c´est aussi simple que cela».