Un dispositif spécial a été enclenché, mercredi dernier, par les pouvoirs publics pour indemniser les petits commerçants victimes des inondations du 10 novembre dernier qui avaient causé d'importants dégâts à Alger, notamment à Bab El-Oued. Ces mesures devront couvrir notamment les quelque 1000 commerçants de Bab El-Oued, dont 420 issus du désormais ex-marché de Triolet. Les premiers chèques ont été donc libellés mercredi et remis aux bénéficiaires de cette opération qui se poursuit au niveau de la Direction de la concurrence et des prix (DCP). Cette aide financière se déroule en deux phases: la première, relative à la réfection des locaux, est modulée au cas par cas, selon l'importance du local. L'évaluation des dégâts a porté sur deux points: l'un concernant le local affecté, l'autre les équipements endommagés et les marchandises détruites. D'un montant minimal de 20.000 dinars, l'aide concernant ce premier point est toutefois plafonnée à 100.000 dinars pour chaque commerçant sinistré recensé par la DCP. La seconde attribution concerne la reprise des activités après les réparations ou le renouvellement des équipements de production. Elle concerne également l'achat de marchandises nécessaires à la reconstitution des stocks, laquelle est aussi modulée selon l'importance du chiffre d'affaires antérieur réalisé par le commerçant sinistré. Cette formule se limite à une aide financière allant jusqu'à 250.000 DA avec une aide minimale s'élevant à 30.000 DA. Cette opération a été précédée par un «travail de fourmi» mené par les brigades de la DCP, durant lequel tous les commerçants sinistrés ont d'abord été reçus au siège de cette direction avant que ne soit établi un recensement méticuleux et précis effectué sur place pour une évaluation exacte des dégâts occasionnés. Cette évaluation a été faite sous formes «déclaratives» recueillies directement auprès des commerçants sinistrés et recensés par les brigades de la DCP dépêchés sur les lieux des dégâts. «La mise en place de cet important dispositif d'aide aux commerçants sinistrés a nécessité une période consacrée à la recherche de formules nécessaires pour une évaluation exacte qui puisse au mieux répondre aux besoins de ces commerçants», précise t-on à la wilaya d'Alger. Ce qui expliquerait, peut-être, l'immense retard dans l'enclenchement des procédures d'indemnisation décrié par le bureau d'Alger de l'Union des artisans et des commerçants. Ce dernier avait, début janvier, fait appel au Chef du gouvernement en personne pour intervenir sur ce dossier et accélérer les démarches. Il y a, parallèlement, une phase de démolition dans laquelle sont intégrés certains commerçants qui ont été transférés dans des locaux de sites périphériques de l'Opgi dans des secteurs allant de l'est à l'ouest d'Alger, soit d'Aïn Taya à Beni Messous. Cette étape, qui a vu déjà une centaine de sinistrés déplacés sur toute la couronne de la wilaya, est menée en négociation concernant la surface avec le bénéficiaire qui visite les lieux avant de décider de son choix de transfert notamment vers El-Hamiz, Aïn Nâadja, Draria, Zonca (Bir Mourad Raïs) et Hammamet. A cela s'ajoutent les aides financières des pouvoirs publics à l'ensemble des commerçants sinistrés qu'ils aient bénéficié d'un transfert ou non. La complexité de ce mécanisme d'indemnisation et le temps requis pour pouvoir identifier et remettre les aides en mains propres aux bénéficiaires ont été soulignés. La mécanique est en place et chaque jour quelque 25 dossiers sont traités en une vingtaine de jours, soit presque 500 commerces. C'est approximativement 50% de l'ensemble des commerçants concernés dont le nombre avoisine 1000 seulement pour le secteur sinistré de Bab El-Oued. Pour ce qui est de l'aide financière, les services de la wilaya ont précisé que le gouvernement a assuré qu'«il n'y a aucun problème de ressources et tous les crédits nécessaires ont été mis en place pour l'attribution de ces aides financières». Rien n'a filtré, en revanche, sur les promesses du coordinateur de l'ONU dont la participation aux indemnisations devait plafonner à hauteur de 100.000 dollars US. La question aussi reste posée de savoir si la centaine de chauffeurs de taxi ou les dizaines de pêcheurs qui ont dû subir la perte de leurs sources de revenus sont touchés par cette opération qui n'a que trop tardé.