Après moult tergiversations les 25 se sont finalement réunis hier en présence du secrétaire général des Nations unies. En arrivant à Bruxelles, hier, en fin de matinée pour assister à la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (U.E) portant sur la question libanaise et le renforcement de la Finul élargie, Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, affichait un air mi-figue, mi-raisin: il sait que l'engagement de l'U.E dans la mise en place de la Force internationale des Nations unies pour le Liban (FINUL) ne sera pas tranché, définitivement, ce jour à Bruxelles. Comment puisse-t-il en être autrement lorsque les 25 pays de l'Union n'arrivent pas à s'entendre, précisément, sur le nombre des contingents à envoyer, sur la répartition des rôles de chaque «volontaire» et encore moins à oublier les intérêts nationaux et autres ambitions de leadership? Cependant, et comme seule la diplomatie est capable dans de telles circonstances à préserver la dignité des uns et des autres, la rencontre d'hier à laissé entendre quelques avancées. La France est disposée à engager deux bataillions, soit 1600 hommes en plus des 400 déjà sur place. Elle ne voit aucun inconvénient à ce que la Finul, placée sous commandement de l'ONU soit dirigée par l'Italie, qui a déclaré pouvoir engager entre 2000 et 3000 soldats. La France prendra en charge le Quartier Général, soit la conception des opérations. Par ailleurs, l'Allemagne a fait savoir qu'elle se contentera des aspects humanitaires, alors que la Grande-Bretagne mettra à disposition des avions de transport. L'Espagne parle de 700 hommes et la Finlande, qui préside l'Union jusqu'à la fin de l'année, avance le chiffre de 250. L'on comprendra dans ces circonstances que non seulement, l'U.E mais toute la communauté internationale ont, depuis l'adoption de la résolution 1701, le 14 août dernier, manifesté leur impatiene à clarifier le rôle de chaque acteur et surtout à simplifier la chaîne de commandement des 15.000 hommes attendus sur le terrain. Face à cette agitation diplomatique de l'Europe, la question de la participation éventuelle de certains pays arabes à la FINUL est passée sous silence. Israël ne le veut pas puisque considérant que la majeure partie des pays arabes lui est hostile. Seuls des pays ayant des relations diplomatiques avec Israël, tel la Jordanie ou l'Egypte sont «tolérés». Hier à Bruxelles, la conférence a rappelé le contenu de la résolution 1701, notamment son point 8 selon lequel le désarmement du Hezbollah est du ressort du gouvernement libanais. La résolution rappelle dans le même point, les dispositions des accords de Taëf (octobre 1989 parrainés par l'Arabie Saoudite, la Jordanie et l'Algérie, avec le soutien des USA.) Accords qui, rappelons-le, ont mis fin à 15 ans de guerre et fixé les conditions de désarmement des différentes milices dont le Hezbollah. Pour de nombreux observateurs politiques, les retards accusés dans la mise en route de la Finul, sont souvent dus aux calculs politiques de pays membres de l'Union. Ainsi, la France ne veut pas lâcher sa prédominance traditionnelle au Liban. L'Italie souhaite faire oublier la politique du précédent gouvernement de M.Berlusconi, jugée tops suiviste de celle des USA de Bush. Romano Prodi, le nouveau président du Conseil, manoeuvre pour regagner la confiance non seulement de ses alliés européens, mais également celle des pays arabes. A l'heure où nous mettons sous presse, la rencontre de Bruxelles se poursuivait, et le SG de l'ONU, M.Kofi Annan, qui a la lourde responsabilité de donner le top départ au 15.000 hommes de la Finul quittera la capitale européenne avec le sentiment qu'il n'est pas au bout de ses peines.