L'Organisation des Nations unies (ONU) et son secrétaire général, Kofi Annan, ont enfin trouvé des soldats pour consolider la force internationale, devant être déployée au sud du Liban pour maintenir la paix dans la région. Après une longue hésitation, les pays de l'Union européenne (UE) se sont engagés à fournir entre 6500 à 7000 soldats à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). La décision a été prise à l'issue de la réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie européens, tenue hier à Bruxelles, en présence de Kofi Annan. La contribution des pays de l'UE à la Finul pourrait être plus conséquente. Selon le ministre irlandais des Affaires étrangères, cité par le journal français Libération, les pays de l'Union pourraient engager entre 8000 et 9000 soldats. « A présent que nous avons eu les garanties de la part des grands pays sur leur participation, d'autres Etats ont été heureux de se joindre au mouvement, et il semble que lorsque ces effectifs se seront étoffés, nous aurons entre 8000 et 9000 soldats dans la région », a-t-il déclaré. Ainsi, plus de la moitié des effectifs de la Finul élargie devant atteindre 15 000 hommes, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, est assurée et Kofi Annan s'en est réjoui. Ce dernier a même tranché la question du commandement de cette force. Le premier responsable de l'ONU a proposé que la France en assume le commandement jusqu'en février 2007 avant de passer le relais à l'Italie. Le général français, Alain Pellegrini, restera donc à la tête de la Finul jusqu'à cette date. L'annonce faite, jeudi dernier, par le président français, Jacques Chirac, affirmant sa disponibilité à porter le nombre de militaires français engagés au sein de la Finul renforcée à 2000, semble influer sur la décision de la réunion des ministres des Affaires étrangères européens. Jacques Chirac avait, après une longue réticence, affirmé que son pays est prêt à commander la force internationale de maintien de la paix, tout en émettant des réserves sur le chiffre de 15 000 hommes devant être envoyés au sud du Liban dans le cadre de la Finul. Un chiffre qu'il juge « excessif ». Mais le premier pays à se montrer disponible pour assumer cette tâche est l'Italie qui a promis, de surcroît, d'engager jusqu'à 3000 soldats au sud du Liban. La Belgique et l'Espagne ont fait également des efforts significatifs. Le premier a promis d'envoyer 400 soldats, alors que le deuxième qui avait évoqué l'envoi de 700 à 800 hommes, a annoncé qu'il enverrait finalement entre 1000 et 1200 soldats. La Pologne et la Finlande contribueront respectivement avec 500 et 250 hommes. La réunion de Bruxelles, selon Kofi Annan, « a été un succès » et l'envoi rapide de la Finul au sud du Liban pour consolider la paix, encore fragile, devient maintenant possible. Le premier contingent, selon lui, y sera déployé d'ici une semaine. « Des engagements ont été pris aujourd'hui pour plus de la moitié de la force, non seulement pour des troupes au sol mais aussi du matériel naval et aérien », a expliqué Annan. Et d'ajouter : « Nous pouvons maintenant commencer à mettre en place une force crédible. » Quel mandat pour la Finul ? Etant pour longtemps le principal élément de blocage pour l'envoi rapide des troupes au sud du pays du Cèdre, comme le stipule la résolution 1701, le mandat de la Finul semble actuellement très clair aux yeux des pays contributeurs. Le président français avait indiqué avoir obtenu « de l'ONU les clarifications nécessaires sur la chaîne de commandement » et surtout « sur les règles d'engagement qui doivent garantir la liberté de circulation de la force et sa capacité d'action face à d'éventuelles situations hostiles ». Mais il n'a donné aucune précision. C'est son ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy qui en a donné une : « En cas de tir du Hezbollah sur Israël ou d'incursion israélienne dans le sud du Liban, c'est un cas de légitime défense, et donc il est précisé, en effet, que ces armées peuvent riposter. » Toutefois, selon le général Pellegrini, les règles d'engagement de la Finul demeurent toujours inconnues. « Je ne sais pas quelles sont les clarifications qu'a reçu le président français, Jacques Chirac, sur les conditions d'engagement de la Finul au Liban-Sud, mais s'il les juge pertinentes, il n'y aura absolument aucun problème de mon côté », a lancé le général sur les ondes de la radio française RTL. La Finul, rappelons-le, a pour mission d'épauler l'armée libanaise déjà déployée au sud du pays. Mais Israël et les Etats-Unis d'Amérique souhaitent que la force internationale s'occupera du désarmement du Hezbollah.