Ce phénomène radiophonique revient chaque été. Les radios espagnole «envahissent» la Mitidja Radio Palma de Majorque, d'Alicante, d'Almeria, de Murcia, d'Ibiza ou de Valencia, et tant d'autres qu'elles soient nationales ou régionales et émettant à partir de l'Espagne principalement et des provinces sud de l'ancienne Andalousie ou des îles Baléares particulièrement, sont des stations de radio qui deviennent, chaque été, familières à la population blidéenne grâce à la FM, une bande où sont captées ces stations en stéréo et avec un grand confort d'écoute, au grand bonheur des «curieux» et «branchés» ainsi que des passionnés de la culture espagnole et occidentale. «J'écoute ces radios dont la diffusion se fait sur la bande FM depuis 1980. Une décennie où les chaînes de TV espagnoles faisaient également fureur à Blida et qui étaient captées avec une simple antenne. Personnellement, je trouve mon compte avec ces radios, puisque cela m'aide à perfectionner mon espagnol en joignant l'utile à l'agréable», nous dira un traducteur assermenté. Pour un passionné de la musique occidentale, l'arrivée de la saison estivale a été toujours, pour lui, synonyme de la modulation de fréquence (FM) et surtout des radios espagnoles émettant sur cette bande. «A travers ces radios, on a une panoplie de choix, puisque certaines ne diffusent rien que des nouveautés en matière de musique, d'autres essayent de nous faire remonter dans le temps et de créer l'ambiance des décennies 60, 70 et 80. Cela est agréable, surtout quand on est en route vers la plage ou vers les hauteurs de Chréa», ajoutera-t-il. Par ailleurs, écouter confortablement les radios algériennes sur la bande FM, en plein été, est parfois difficile, surtout lorsqu'on est aux environs de Blida ou du côté du littoral, à bord d'un véhicule. Ces difficultés sont également présentes lorsqu'on les écoute à travers un récepteur mobile, notamment les portables dotés de la FM, et ce, à cause de «l'envahissement» des stations espagnoles qui interfèrent sur nos radios émettant sur cette bande. En effet, en sillonnant la ville des Roses à titre d'exemple, tout en conduisant et en écoutant nos radios (Mitidja, Bahdja, Chaîne I ou III), on est souvent surpris par le changement soudain de la langue qui devient celle de Cervantès ou de la musique occidentale qui remplace, tout à coup, la variété orientale qui passe, notamment sur El Bahdja. «Le problème de l'interférence est causé par des radios espagnoles qui émettent par hasard sur les mêmes fréquences que celles de nos chaînes ou juste à côté. Et comme les émetteurs de ces stations sont plus performants que les nôtres, ajouté à cela leur proximité de notre territoire (sud de l'Espagne et les îles méditerranéennes), tout cela fait que, dès qu'il y a la moindre zone d'ombre concernant nos radios, les radios ibériques s'installent et disparaissent avec intermittence, et ce, au détriment des auditeurs des stations algériennes», nous dira un vieil habitué de la bande FM et qui est fidèle aux radios espagnoles depuis les années 1980, mais qui a toutefois du mal à tolérer ce phénomène à Blida et sa région dans la mesure où les émetteurs de nos radios se trouvent à peine à une vingtaine de kilomètres de la ville des Roses, sur les hauteurs de Chréa plus exactement, alors que les émetteurs espagnols les plus proches de nous sont à plus de 500km. «Parfois j'ai du mal à capter Radio El Bahdja, alors que je peux écouter tout au long de l'été, Carinta principalès, une radio musicale espagnole à 100%», nous a fait savoir un jeune médecin. Notons qu'après que l'Entreprise nationale de la radiodiffusion sonore (Enrs) ait pris la louable initiative et la décision installer plusieurs stations de radios FM, ces dernières années (après une attente qui a trop duré de la part de ses fidèles auditeurs, lesquels cherchaient à tout prix à oublier les parasites et les fritures des grandes et moyennes ondes), ne voilà-t-il pas que les auditeurs de la région de Blida, spécialement ceux qui écoutent la radio à bord de leur véhicule ou à travers leurs téléphones mobiles, se retrouvent privés, chaque saison estivale, d'une écoute agréable, confortable et surtout sans interférence et discontinuité des émissions de l'Enrs, qui sont passées sur la modulation de fréquence. Les radios ibériques font rappeler, toutefois, à une autre catégorie de gens, les nostalgiques des années 1980, leur adolescence et leur jeunesse, une décennie où, durant chaque été, les images télévisuelles et les sons radiophoniques espagnols battaient leur plein et étaient tant attendus par les habitants du Nord, notamment les Blidéens en quête d'ouverture et de «curiosité» sur le monde, en ces temps où le libéralisme ne s'était pas encore introduit dans notre société. Enfin, les radios espagnoles, surtout celles qui émettent à partir des provinces méditerranéennes du continent ibérique et des îles Baléares, continuent d'envahir et d'inonder, durant chaque été, et même lorsque les conditions météorologiques sont favorables (valable pour les antres saisons) notre bande FM tout en se bagarrant avec nos rares radios, qui demeurent impuissantes face à une technologie qui ne cesse d'évoluer. Et dire qu'à partir de Blida, ou surtout des plages de Tipaza, notamment celles qui sont à son extrême ouest, la population peut recevoir, chaque été, sans aucune contrainte et avec une excellente qualité d'écoute et en stéréo, des radios régionales de notre voisin du Nord, alors que pour écouter à l'aise Radio Mitidja, une station régionale destinée à la même population, il ne faut surtout pas que votre radio soit mobile, sinon bonjour la station «envahissante».