Une délégation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est actuellement au Niger pour «négocier» avec les putschistes, a indiqué hier l'un des responsables de la Cédéao à l'ouverture de la réunion des chefs d'état-major ouest-africains à Abuja. «Le président de la Commission de la Cédéao aurait aimé être ici, mais à l'heure où nous parlons, il se trouve au Niger dans le cadre d'une délégation de haut niveau dirigée par l'ancien chef d'Etat du Nigeria, le général Abdulsalami Abubakar, en vue de négocier», a déclaré le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité, Abdulfatar Musa. Les autorités françaises ont clos hier les opérations d'évacuation par avion de civils du Niger, entamées la veille après le putsch de la semaine dernière. Quatre avions ont été prévus pour évacuer des civils, en grande majorité français. C'est la première évacuation massive organisée par Paris au Sahel où les coups d'Etat se sont multipliés depuis 2020. L'évacuation des militaires français postés au Niger n'est en revanche «pas à l'ordre du jour», avait auparavant indiqué à la presse l'état-major des armées françaises. Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé dans la journée «à tous ses ressortissants à Niamey», d'accepter l'offre de la France, quand l'Italie a annoncé se tenir prête à évacuer ses ressortissants de Niamey. Les Etats-Unis n'ont pris aucune décision d'évacuation pour le moment, a indiqué mardi la Maison Blanche. Dans la capitale nigérienne, les activités avaient repris mardi et peu de véhicules des forces de sécurité étaient visibles. La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l'ont renversé, dirigés par le général Abderrahmane Tiani. Le mouvement M62, à l'initiative d'une manifestation pro-putschistes, a dénoncé mardi l'évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement «pacifique chaque jour» près de l'aéroport, «jusqu'au départ définitif des forces étrangères» présentes dans le pays. Niamey a accusé lundi la France de vouloir «intervenir militairement», ce que Paris a démenti fermement. Lundi soir, le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et gouvernés également par des militaires, ont affiché leur solidarité avec les putschistes en affirmant que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée «comme une déclaration de guerre» à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Ils ont ajouté refuser d'appliquer les «sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes» décidées dimanche par la Cédéao à Abuja, la capitale du Nigeria. Les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ont fixé un ultimatum d'une semaine à la junte militaire au Niger pour un «retour complet à l'ordre constitutionnel», affirmant ne pas exclure un «recours à la force» si ce n'était pas le cas. Dans ce contexte, la Cédéao a annoncé mardi soir que les chefs d'état-major des pays qui la composent se réunissent de mercredi à vendredi à Abuja, au sujet du putsch au Niger. Par ailleurs une délégation de la Cédéao, conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, devait se rendre hier au Niger, ont indiqué sous le couvert de l'anonymat une haute responsable de l'organisation ouest-africaine et un responsable militaire du Niger. La Cédéao avait également décidé de «suspendre toutes les transactions commerciales et financières» entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d'Etat.