Pour rétablir l'ordre institutionnel, l'Algérie soutient plutôt la solution diplomatique que celle de la force. Même quand la Cédéao, appuyée par des pays européens, exhibe la menace de l'intervention militaire, l'Algérie demeure attachée à la solution diplomatique. Cette position a été réaffirmée avant-hier par le chef de l'Etat. Pour Tebboune, il y a un impératif de «rétablir la légitimité constitutionnelle au Niger». Le chef de l'Etat a réitéré «le rejet total et catégorique» de l'Algérie pour toute intervention militaire. Il a mis en garde contre toute intervention militaire qui «ne ferait qu'exacerber» la situation. Pour illustrer l'inadéquation de l'option militaire à la situation qui prévaut au Niger, Tebboune a rappelé le scénario du pire validé contre la Libye et en Syrie. «Les problèmes persistent et les situations sont de plus en plus complexes» dans ces deux pays, a souligné le président Tebboune. Ce dernier invite ainsi, à travers ce parallélisme, à abandonner l'option de la force laquelle aura des conséquences désastreuses sur l'ensemble régional, a toujours mis en garde l'Algérie. Après avoir soutenu que l'intervention militaire «n'a jamais réglé aucun problème» et les choses ne «se règlent que par la logique», Tebboune a mis en garde contre toute action qui ne ferait qu' «enflammer la région du Sahel tout entière». Une nouvelle mise en garde de l'Algérie, qui intervient alors que les bruits de bottes se font entendre à Niamey. Avant-hier, le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, a informé M. Attaf «des mesures décidées» par l'UE contre les auteurs du coup d'Etat au Niger». Les deux parties ont souligné «la nécessité d'oeuvrer de concert afin d'exercer des pressions politiques et diplomatiques pour assurer le retour à l'ordre constitutionnel au Niger à travers le rétablissement de Mohamed Bazoum dans son poste de Président légitimement élu de ce pays, a relevé un communiqué des Affaires étrangères. Ahmed Attaf a réaffirmé à son interlocuteur la conviction de l'Algérie quant à la nécessité de prioriser le processus politique et diplomatique, au vu des répercussions de l'option du recours à la force sur la situation qui risque de s'aggraver davantage aux niveaux local et régional. La veille, Ahmed Attaf a reçu l'Envoyé spécial du président de la République fédérale du Nigeria, Baba Gana Kingibe. Ce dernier a été porteur d'un message écrit adressé au président Tebboune de la part de son homologue nigérian, Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Cette visite s'inscrit dans le cadre de «l'échange de vues et la concertation autour des développements de la situation au Niger». M.Attaf a réaffirmé, dans ce sens, la position de l'Algérie qui rejette le coup d'Etat militaire contre le président légitimement élu dans ce pays frère et voisin, et appelle à son retour à son poste constitutionnel, en sa qualité de président de la République du Niger. Pour ce faire, le ministre des Affaires étrangères a souligné la nécessité d'activer toutes les voies et moyens diplomatiques et pacifiques, pour éviter le choix du recours à la force qui ne ferait qu'exacerber la situation pour le Niger et la région toute entière. Autant dire que l'Algérie ne lésine pas sur l'effort diplomatique pour plaider le retour à l'ordre constitutionnel au Niger tout en rejetant toute intervention militaire dans ce pays voisin.