L'auteur de «la racaille» récidive. À quelques jours de la sortie de son nouveau livre, Le Temps des combats aux Editions Fayard, l'ancien président français Nicolas Sarkozy, donne de l'eau au moulin de l'extrême droite française à qui il emprunte aisément la rhétorique. Deux cibles sont identifiées dans cette sortie médiatique sur les colonnes du Figaro. Sarkozy pointe d'abord les dirigeants algériens. «N'essayons pas de bâtir une amitié artificielle avec des dirigeants algériens qui utilisent systématiquement la France comme bouc émissaire pour masquer leurs propres défaillances et leur déficit de légitimité», a-t-il tranché dans une de ses réponses au Figaro. Une déclaration qui exhale des relents de haine envers un pays qu'il ne porte pas dans son coeur. Mais il est à se demander si en accusant les dirigeants algériens, l'ancien président français ne parlait pas de ses propres défaillances qu'il peine à masquer. En raison d'une gestion chaotique, Sarkozy a fait face à une vague de violence qui a failli emporter la France par des émeutes qui ont duré plusieurs semaines. Que dire du parcours du sulfureux président jalonné de maladresses et jonché de cadavres? C'est lui l'auteur de «la racaille» des banlieues en 2005 qu'il promettait de nettoyer «au karcher». C'est vers cette même «racaille arabe «qu'il s'est dirigé pour quémander le financement de sa campagne électorale pour la présidentielle. Un fois élu, il accueille le guide libyen Mouamar El Guedaffi à Paris l'autorisant à planter sa tente de nomade au fond du jardin de l'Hôtel Marigny, résidence officielle des hôtes de l'Etat. Du jamais-vu sous la Ve République! L'ancien président français considère-t-il le retour flamboyant de l'Algérie sur la scène diplomatique comme un échec? Dans la crise du Niger, pour ne citer que cet exemple, l'Algérie a fait un consensus international par la position de sa diplomatie éclairée refusant toute intervention militaire. Cela donne de l'urticaire au va-t'en-guerre Sarkozy! Ses échecs à lui au plan international sont consignés par l'Histoire. Pour se mettre sur les rails des positions américaines, il a toujours revêtu des oeillères. Un empressement pro-américain a froissé l'anti-atlantisme du général de Gaulle, larmoyé la lucidité de Jacques Chirac qui a refusé de cautionner le chaos irakien mené par George Bush. Son procès contre le régime algérien n'a pas épargné par ricochet l'actuel président Macron mis sous pression par une extrême droite décidée à en découdre avec l'Algérie. Dans ce marécage d'hostilités et de lobbys, les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron s'agrippent à leur volonté de continuer à «renforcer la coopération» bilatérale. À chaque coup de grisou, ils remettent d'aplomb, lèvent les «incompréhensions» et repartent de plus belle. Tebboune a annoncé que sa visite à Paris n'a pas été annulée. Elle aura bien lieu en attendant de ficeler l'agenda de cette visite d'Etat.