Les choix sont difficiles, mais l'Etat est responsable de la sécurité de ses populations, se référant à la Constitution. Au lendemain de l'expiration de la date butoir fixée aux terroristes toujours en activité, ceux-ci, paraît-il, préfèrent s'endurcir, faisant voler en éclats la bénédiction de la charte. Les agressions terroristes contre les agents de l'ordre, voire même contre les civils, reviennent de plus belle, faisant apparaître crûment la face cachée des «obstinés.» Dénoncés par un ex-chef de file, de propos à peine voilés, ces «résistants» espèrent être blanchis et amnistiés à la fin d'un parcours sanglant, s'accrochant de même à l'autre rêve dit «retour du FIS.» Un voeu émis par Madani Mezrag, ex-chef de la branche armée du FIS, mais bien avant lui son «frère» Anouar Haddam qui, lui aussi, a, sans aller par mille chemins, revendiqué le retour de l'ex-FIS sur la scène politique nationale. C'est même la condition sine qua non, selon lui, «pour l'établissement de la paix en Algérie.» Les gens de l'ex-Front islamique du salut font monter les enchères, mais sur le terrain les derniers résistants à l'Etat et opposés au «plan de paix» ne renoncent pas encore à sale besogne. Quoi qu'il en soit, même si le FIS verra son agrément renouvelé, il n'est décidément pas prêt de renoncer à son projet d'une République islamique, revendiqué, des années durant, le doigt sur la gâchette. Le dernier attentat terroriste en date est celui perpétré dans la paisible ville d'El Kseur à l'ouest de Béjaïa (250km d'Alger), faisant trois morts, dont deux policiers et un civil. Les terroristes, toujours au maquis, tournent le dos carrément à l'offre de paix. Ça ne peut pas être expliqué autrement. Car, tout au long des six mois fixés comme période de repentance, ces mêmes terroristes n'ont cessé de répondre aux offres de la charte par le feu, excepté les 250 redditions annoncées par le département de l'Intérieur. L'Etat va-t-il encore négocier pour que les derniers irréductibles retrouvent la raison? Ou plutôt, va-t-il jusqu'à décréter l'amnistie générale et agréer le FIS dissous, répondant ainsi favorablement, mais sans acquiescement du peuple, aux réclamations des dirigeants de l'AIS et de ceux qui occupent toujours le djebel? Sinon comment expliquer le bruit de bottes qui se fait actuellement autour des dernières poches de résistance?.Et aussi, s'agit-il de répliquer du tac au tac aux derniers attentats terroristes que Madani Mezrag qualifie «d'éventuels règlements de compte»? Autant de questions qui demeurent, à l'heure actuelle, sans réponse. Pour quelqu'un qui fréquentait toujours les maquis et en relation constante avec les «rebelles», son point de vue manque de transparence et de précision. Cette même personne dit avoir «la conviction profonde» que les délais de la charte «ne seront aucunement respectés.» Car, d'après lui, ils n'ont approuvé, lui et ses frères de l'ex-AIS, les textes de la charte qu'après avoir été «rassurés que cette même initiative n'est qu'une partie d'un processus de réconciliation.» S'agit-il donc d'un remake non annoncé de la concorde civile? La fin de la polémique sonne déjà à l'oreille en annonçant le retour proche du président. Seul, en mesure de décréter la tolérance zéro à l'égard des quelques irréductibles, sinon une nouvelle chance de «s'insérer dans la société.» Abdelaziz Belkhadem, chef de l'Exécutif et SG du FLN, qui avait l'habitude d'anticiper sur les décisions de Bouteflika sur ses décisions, ne s'est pas opposé à la prolongation des délais en disant tout clairement que «les portes de la clémence seront toujours ouvertes.» Cet avis émis par le successeur d'Ouyahia pourrait justifier l'optimisme démesuré de Madani Mezrag qui, à l'en croire, affirme avoir eu un tête-à-tête avec Abdelaziz Belkhadem, il y a de cela une vingtaine de jours. Le prolongement des délais par la Charte fixés aux terroristes se précise, mais en face, une terreur qui s'exprime au quotidien. Les choix sont difficiles, mais l'Etat est responsable surtout de la sécurité de ses populations, se référant à la Constitution.