Beaucoup de bruits ont accompagné l'annonce du président Tebboune de l'intention de l'Algérie de rejoindre les Brics. En effet, l'ambition affichée du président d'arrimer le pays au bloc des pays émergents, n'a pas manqué de réveiller les vieux démons dans les coulisses de la diplomatie occidentale et leurs boucs, tapis dans les différents supports médiatiques. Cet état de fait n'a pas, pour autant, altéré d'un iota la volonté ferme du pays d'aller au-devant de cette quête stratégique et géopolitique d'envergure. Chronologie d'une annonce qui a fait trembler la terre des néocolonialistes et de leurs inféodés partisans. De tout temps, l'Algérie n'a jamais caché son appartenance historique au bloc des non-alignés et à l'idéologie qui l'anime. Aujourd'hui, plus que jamais, les choix historiques de l'Algérie s'affirment avec plus de rigueur. C'est vers la fin du mois de juillet 2022, que le président Tebboune a annoncé l'intention de l'Algérie de rejoindre les Brics, estimant qu'une telle adhésion prémunira le pays des frictions entre les deux pôles. «Les Brics nous intéressent car ils permettent de s'éloigner de l'attraction des deux pôles», a-t-il confié, le 31 juillet 2022, lors d'une rencontre avec la presse nationale. Une telle annonce n'a pas manqué de réveiller les vieux démons et de déchaîner les réactions hostiles, à peine voilées. Mais comme on dit, «la caravane passe...» Cette annonce intervient également, peu de temps après la décision d'ouvrir l'adhésion à d'autres pays prise, lors du dernier Sommet des Brics tenu, en juin 2022 en Chine. L'ambition de l'Algérie de rejoindre le bloc des pays émergents, à travers une adhésion aux Brics, reste surtout motivé par des choix géostratégiques clairs et tranchés, notamment pour ce qui est du modèle économique nouveau à emprunter, à l'abri des interférences et des injonctions. Le lundi 7 novembre 2022, l'Algérie annonce avoir déposé officiellement sa demande d'adhésion au groupe des Brics. Pour certains milieux, c'est la douche froide. D'emblée la Chine, la Russie et l'Afrique du Sud ont clairement affiché leur soutien à une éventuelle adhésion de l'Algérie aux Brics. La visite du président de la République en Fédération de Russie, entamée du 13 au 15 juin 2023 et en République de Chine du 17 au 21 juillet 2023, participent de cette volonté d'appuyer cette demande d'adhésion et de lui garantir toutes les chances de succès. Parallèlement à cela, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf a entamé un forcing diplomatique, en faveur de l'adhésion de l'Algérie au groupe des Brics. En date du 6 août 2023, il recevra, au siège du ministère, les ambassadeurs et les représentants des cinq pays membres du groupe des Brics accrédités en Algérie. L'offensive diplomatique du ministre des Affaires étrangères a eu pour objectif de mettre en valeur les éléments concordants et contribuant à l'appui de la candidature de l'Algérie. En effet, sur le plan géopolitique et diplomatique, les positions et les engagements de l'Algérie, en faveur d'un ordre mondial multipolaire, juste et équitable, demeurent sous une constance infaillible. Quant au plan économique, Attaf n'a pas manqué de rappeler les résultats positifs de la nouvelle politique économique de l'Algérie, notamment pour ce qui est de la diversification des ressources hors hydrocarbures. S'il est vrai que pour la majorité des pays des Brics, notamment les pays fondateurs et les plus importants membres, comme la Chine, la Fédération de Russie, l'Afrique du Sud et le Brésil, l'Algérie peut compter sur leur soutien indéfectible, pour l'Inde la question reste entière. Faut-t-il encore rappeler cet entretien du ministre des Finances, Laâziz Faïd à Paris avec Dilma Roussef, la présidente de la Nouvelle banque de développement (NBC), la banque des Brics créée en 2015. Il est également important de souligner que l'Algérie a, formellement, exprimé son intérêt pour devenir membre de cette institution financière multilatérale. Pour ce faire, une contribution de 1,5 milliard de dollars au capital de la Nouvelle banque de développement a été formulée officiellement par l'Algérie. Autant dire que l'Algérie n'intègre pas les Brics les mains vides, ni pour aller demander la charité. L'élargissement des Brics à d'autres pays semble être un pari gagné, autant pour les pays qui y postulent, à l'instar de l'Algérie, que pour les membres eux-mêmes de ce groupement de pays émergents. Preuve en est la déclaration du président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa qui vient d'affirmer, dans une déclaration, en prévision de la tenue de ce Sommet dans son pays, que «la valeur du bloc va au-delà des intérêts de ses membres actuels».