L'Expression: Pour la seconde fois consécutive les Journées de la production cinématographique auront lieu à Sétif en octobre. Un mot là-dessus... Yanis Koussim: Elles auront toujours lieu à Sétif j'espère! C'est un rendez-vous cinématographique entièrement dédié aux métiers de la production, avec des événements en parallèle. L'année dernière, nous avions projeté pour la première fois «Halim El Raâd» à Sétif, une ville qui n'a toujours pas de salle de cinéma soit dit en passant, cette année nous aurons la chance, entre autres, d'avoir Wassyla Tamzali qui viendra présenter son livre «En Attendant Omar Gatlato», dans sa nouvelle édition. Mais ce sont les métiers de la production cinématographique qui sont au coeur de ces journées; avec des producteurs algériens et étrangers qui viennent parler de leur métier, de leurs parcours, des challenges de cette profession, et transmettre leur passion aux autres, à travers deux ateliers, un de Creative producing, dirigé par Film Independent-Los Angeles, via son programme Global Media Makers, et un deuxième qui portera sur l'initiation aux métiers de la production, dirigé par des producteurs algériens et tunisiens, la Tunisie étant l'invité de cette deuxième édition. Cette année, il y aura donc des films algériens, tunisiens et américains projetés pour le public. L'an dernier, les journées de la production cinématographique de Sétif ont eu le soutien de la direction de la culture et des arts de la wilaya, qui a mis à notre disposition tous les espaces de la Maison de la culture, ainsi que l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, qui a facilité la venue des intervenants et des films de Californie. Nous espérons, pour cette année, avoir le soutien du ministère de la culture, et des opérateurs économiques régionaux et nationaux, on l'espère... Notre Budget, pour l'an dernier, était de zéro dinar et beaucoup de bonne volonté. Je l'ai organisé avec mon smartphone et quelques amis... donc, pour cette année, on espère un peu plus quand même, pour faire mieux, nous avons fait nos preuves avec l'édition de 2022, mais aussi avec les Journées Internationales du Cinéma de Sétif l'an dernier, un événement qui a eu un retentissement incroyable! Peut-on connaître le profil des organisateurs, qui sont «Plateau 19» et les autres partenaires? Plateau19 est un collectif de travailleurs du cinéma de, ou originaires de, Sétif, ou qui y résident; ce collectif a pour but de créer un cadre favorable à l'émergence d'un pôle cinématographique alternatif dans notre ville. C'est aussi un réseau d'entraide, qui a permis la naissance de courts métrages, d'ateliers de formation, comme ceux de juillet dernier... Nous avons des projets plein la tête; la création d'un fond régional pour le cinéma, la mise en place d'une résidence d'écriture...etc. Mais il faut de la patience, beaucoup de patience... beaucoup... Parmi nos membres les plus connus, je peux citer Souhila Maâllem, Imen Noel, Amira Hilda, Amina Salem-Castaing, Sliman Benouari, Samir Elhakim, Laâmri Kaâouane, Lina Souallem, Hammoudi Laâgoun, Rami Aloui, Fouad Trifi...etc. Ce collectif est inspiré, dans son essence, de Film Independent-Los Angeles, notre partenaire. Il s'agit de la plus grosse organisation de cinéma indépendant aux Etats-Unis, ils existent depuis 30 ans, officiellement, mais sa création remonte à 1969, quand quelques cinéastes ont décidé de faire des films en dehors du circuit des Majors, les Grands Studios d'Hollywood. Ce sont eux qui organisent chaque année, par exemple, Les Spirits Awards, qui sont les prix remis aux films indépendants, c'est-à- dire non produits par les Majors. Puis, il y a la direction des arts et de la culture de la wilaya de Sétif, qui, via son nouveau directeur, L'hachemi Ameur, souhaite s'impliquer cette année. Nous avons été sponsorisés par In-tuition Algérie, qui nous a fourni les interprètes, nous avons même une interprète anglais-sétifien! Pour ce qui est des organisateurs, il y a des membres de Plateau19, le noyau dur, Lakhdar-le-vert et Lakhdar-le-noir. Si vous voulez savoir qui sont ces deux dernières persones,il faut faire une recherche sur Google! Pourriez-vous nous parler des deux ateliers qui seront organisés et leurs conditions de participation? Et surtout à qui cela s'adresse et à quelle tranche d'âge? Comme je l'ai dit plus haut, ils sont entièrement dédiés à la production cinématographique, celui de Creative Producing est destiné à des porteurs de projets de long ou court de fiction, qui viendront apprendre comment on suit, côté production, un projet de cinéma de l'idée à la projection; quant a celui portant sur l'initiation aux métiers de la production, il concerne toute personne qui s'y intéresse, qui a envie d'en faire son métier, ou de s'y reconvertir. Il n'y a aucune limite d'âge, il faut juste se penser capable de devenir producteur, ou avoir envie d'en savoir plus sur ce métier. Qui seront les intervenants durant ces ateliers? Il y aura des intervenants américains, tels que Alix Madigan, entre autres nommée pour l'Oscar du Meilleur Film il y a quelques années avec «Winter's Bone», et Maria Raquel Bozzi, Directrice du département international de Film Independent-Los Angeles. Pour les Algériens et les Tunisiens, on attend encore les confirmations. Tous sont des producteurs, des directeurs de production, des producteurs exécutifs...etc. Pourquoi ce choix porté sur les américains? C'est Film Independent qui nous à inspiré, C'est avec eux, que nous avons commencé. Ils font des ateliers partout dans le monde, au sein des plus grands festivals de la planète, il fallait qu'on les ramène en Algérie. Le but de ces journées, c'est d'avoir un pays invité d'honneur à chaque édition, et de tisser des partenariats à chaque fois; avec les Etats-Unis, c'est via Film Independent et la production du cinéma indépendant. Avec la Tunisie, nous souhaitons avoir un partenariat avec, ce qui est pour moi peut-être le meilleur festival du continent: Gabès Cinéma Fen. Une représentante de ce festival sera d'ailleurs parmi nous cette année, elle donnera une master class sur l'organisation de festivals de cinéma. On espère mettre en place, grâce à un partenariat avec Gabès Cinéma Fen, des échanges, et un atelier qui sera donné chaque année pour les organisateurs d'événements cinématographiques. D'année en année, notre souhait est d'enrichir les journées de la production cinématographique de Sétif avec des partenaires d'un peu partout dans le monde. Construire des ponts entre notre cinéma et celui d'autres pays, et consolider ceux qui existent déjà dans le domaine entre notre pays et les pays avec lesquels nous collaborons depuis longtemps. Entre Plateau19, ces journées de la production, les ateliers, où en sont vos projets personnels en tant que réalisateur? Entre mon premier long métrage, «Alger by night», qui n'est toujours pas sorti pour les raisons que vous savez, et qui me dépassent totalement, et le prochain qui a subi l'annulation de la dernière commission du Fdatic, et que la commission de la nouvelle aide du ministère n'a pas retenu, en attendant de reprendre le chemin d'un plateau de tournage, en parallèle à l'écriture, je n'allais pas rester les bras croisés. La seule chose utile que je pouvais faire, c'était de transmettre à ceux qui ont la flamme du cinéma, leur transmettre ce que j'ai appris, et utilisé mon carnet d'adresses et mon réseau pour leur apporter les meilleurs formateurs possible. J'aime partager, transmettre, enseigner ce que je sais faire. Je dois avoir cela dans les gènes, car je descends d'une lignée d'enseignants qui remonte au début du XIXe siecle. Si un jour il y a une véritable école de cinéma en Algérie, ou une ailleurs qui me le proposerait, j'aimerais y enseigner entre deux films. À Sétif, il y a, comme nulle part ailleurs dans le pays, une énergie cinématographique incroyable; si je peux apporter quelque chose à ceux qui ont 20 ans, comme d'autres m'ont apporté quand moi j'avais 20 ans, les 10 ans, depuis le début du tournage d' «Alger by night» n'auront pas été une perte de temps.