L'Algérie s'est retrouvée au lendemain de son indépendance face à un phénomène de dégradation écologique caractérisé par une régression très significative du couvert végétal et l´apparition de paysages désertifiés en zone steppique. Cette désertification risquait de plonger l´économie saharienne et pastorale dans une grave crise si son rythme actuel n´est pas enrayé. En 1971, a été lancé le projet du Barrage vert dans le but d´enrayer le processus de désertification. Cette démarche qui s´inscrivait dans le cadre de la politique nationale d´aménagement du territoire avait pour objectif de rétablir l´équilibre écologique du milieu par une exploitation rationnelle des ressources. Ce programme de développement a été parachevé par la mise en place d´un Haut-Commissariat à la steppe en 1981.Le Barrage vert demeure, aujourd´hui, une grande expérience qui a permis de mettre en place des moyens à l´origine de nombreuses réalisations. C'est l'un des plus ambitieux projets réalisés par l'Algérie indépendante. Il a participé incontestablement à son développement socio-économique, ainsi qu'à son indépendance alimentaire. D'où l'impérieux intérêt de l'entretenir. Il doit tenir un rôle prépondérant en cette période de bouleversements climatiques. Une seconde vie l'attend. Des «moyens colossaux» ont été mis en oeuvre. Plus de 26 millions de plants ont été mis en terre dans les zones du Barrage vert dans le cadre du programme 2020-2023. Des plantations réalisées sur une superficie de 43 558 hectares. «Parmi ces espèces, nous avons les arbres rustiques tels l'olivier, le pistachier, l'amandier et le caroubier, ainsi que le figuier de barbarie qui constitue un rempart naturel contre les incendies de forêts en plus de l'utilité de ses feuilles utilisées comme fourrage pour les cheptels, a fait savoir Saliha Fortas, directrice de la lutte contre la désertification et du Barrage vert auprès de la DGF. Des options qui ne sont pas fortuites. Le choix des zones de plantation et des espèces à planter répond à des critères écologiques, mais il y a également l'aspect économique et social qui entrent en ligne de compte, a-t-elle précisé. L'importance écologique de cet ouvrage forestier d'envergure exceptionnelle ne se limite pas à lutter contre l'avancée de la désertification, elle revêt un aspect économique majeur pour les populations locales. De 7 millions, selon un recensement datant de 2008, elles sont estimées à 12 millions, aujourd'hui. La réhabilitation et l'extension du Barrage vert devront contribuer davantage à la prospérité des populations vivant dans ses espaces. Le nouveau programme du Barrage vert adopte une approche intégrée répondant aux besoins et aux aspirations de ces populations tout en tenant compte des vocations et des potentialités de ces espaces, a assuré la directrice de la lutte contre la désertification et du Barrage vert auprès de la DGF. «Nous encourageons vivement les agriculteurs, les femmes et les jeunes à s'impliquer dans ce programme ambitieux», a recommandé Mme Fortas. D'une superficie de 4,7 millions d'hectares réparties sur 13 wilayas et 1 200 localités, le Barrage vert est constitué de 63% du domaine pastoral, avec une superficie dépassant les 2,33 millions d'hectares, composé d'alfa et de fourrage. «Ce potentiel devrait faire prospérer l'élevage ainsi que la production laitière», a souligné la responsable de la direction générale des forêts. Quant au domaine forestier, il constitue 18% de cet espace avec une superficie de 665 741 hectares alors que la superficie agricole s'élève à 591 769 hectares. Soit 16% de la superficie globale de cet ouvrage forestier. Il faut savoir par ailleurs qu'une étude pour répertorier toutes les terres inexploitées afin de rentabiliser toutes les surfaces du Barrage vert a été lancée par le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire. Une «ceinture» qui n'a pas fini de refleurir.