Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé hier la fin du remplissage du Grand barrage de la renaissance (Gerd) sur le Nil, source de tensions régionales avec l'Egypte et le Soudan situés en aval, depuis plus de deux ans, et objet de discussions difficiles sous l'égide de l'Union africaine.» C'est avec grand plaisir que j'annonce que le quatrième et dernier remplissage (d'eau) du barrage de la Renaissance a été réalisé avec succès», a déclaré le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed dans un message sur le réseau social «X» (ex-Twitter), alors que des négociations entre les trois pays avaient repris le 27 août dernier, après plusieurs mois de déclarations et de mises en garde réciproques.»Il y a eu beaucoup de défis, nous avons souvent été poussés à faire marche arrière. Nous avons eu un défi interne et des pressions extérieures. Nous avons atteint (ce stade) en faisant face avec Dieu», a-t-il ajouté. «Je crois que nous terminerons ce que nous avons prévu», a affirmé le dirigeant éthiopien. Jugé vital par Addis Abeba, le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd), qui a coûté environ 3,5 milliards d'euros, est au coeur d'un conflit régional depuis que l'entame des travaux en 2011, entre l'Ehiopie, d'une part, l'Egypte et le Soudan, d'autre part, ces derniers craignant qu'il ne réduise leur part d'eau du Nil. Des négociations entre les trois pays ont repris le 27 août, après près de deux ans et demi d'interruption. Ces discussions visent à parvenir à un accord «tenant compte des intérêts et des préoccupations des trois pays», avait affirmé à cette occasion le ministre de l'Eau et de l'Irrigation égyptien, Han William, affirmant qu'»il est important de mettre un terme aux mesures unilatérales». L'Egypte considère ce mégabarrage comme une menace existentielle car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau. La position de Khartoum a, elle, varié ces dernières années. Après plusieurs mois de front commun avec l'Egypte en 2022, le dirigeant soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'était dit en janvier dernier «d'accord sur tous les points» avec Abiy Ahmed à propos du Gerd. Mais le Soudan est ravagé depuis mi-avril par un conflit meurtrier, entre l'armée du général al-Burhane et les milices dites forces de soutien rapide de son rival Daglo. Ce mégabarrage sur le Nil Bleu, long de 1,8 km et haut de 145 mètres, doit permettre de doubler l'actuelle production éthiopienne d'électricité, à laquelle environ seulement la moitié de ses quelque 120 millions d'habitants ont accès.