Le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo fin août, a nommé lundi à la tête des deux chambres d'un futur Parlement de transition des ténors de l'ex-opposition mais aussi d'anciens caciques du régime du président déchu. Le général Oligui a mené, sans effusion de sang, le coup d'Etat militaire du 30 août contre Ali Bongo Ondimba à peine proclamé réélu, dont la famille dirigeait le pays depuis 55 ans. Les militaires accusaient son camp d'avoir truqué les résultats de la présidentielle, de «mauvaise gouvernance» et de «corruption». Proclamé Président de la transition, le général a promis de «rendre le pouvoir aux civils» par des élections dans un délai qu'il n'a pas encore précisé mais en mettant en place des institutions provisoires comprenant l'»ensemble des forces vives de la nation», de tous bords politiques. Au lendemain de la nomination d'un gouvernement de transition, confié à un ténor de l'ex-opposition -Raymond Ndong Sima- et composé d'anciens caciques du régime d'Ali Bongo, d'opposants, de membres de la société civile et de militaires, le nouvel homme fort du Gabon a réédité lundi ce saupoudrage dans les bureaux des futurs Assemblée nationale et Sénat de transition dont il doit ensuite nommer les 70 et 50 parlementaires respectivement. La présidente du Sénat de transition est Paulette Missambo, l'une des principales figures de l'opposition à Ali Bongo pour la présidentielle de 2023, présidente du parti Union nationale (UN), selon un décret du général Oligui lu à la télévision publique. Le président de l'Assemblée nationale de transition est Jean-François Ndongou, plusieurs fois ministre d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, et de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigea avant lui le Gabon pendant 41 ans. Quatre vice-présidents pour chacune des deux chambres ont également été nommés, avec, dans chacun des bureaux: des officiers de l'armée, des membres de partis ou d'organisations de la société civile opposants connus au camp Bongo et d'anciens caciques de son régime qui se sont ralliés au pouvoir des militaires après le 30 août. Par ailleurs, la durée du couvre-feu instauré par le gouvernement de Bongo le soir de la présidentielle du 26 août, maintenu ensuite par les militaires, a été réduite lundi à Libreville et sa banlieue, de 22h00 à 06h00 au lieu de 18h00 à 06h00. Il est maintenu sur le reste du territoire, ont annoncé les militaires.s. Un délai de deux ans avant les élections libres promises par les militaires ayant renversé le président Ali Bongo est un «objectif raisonnable», a estimé dimanche le Premier ministre de transition. «Il est bon de partir sur un objectif raisonnable en disant: nous avons le souhait de voir le processus aboutir en 24 mois pour qu'on puisse revenir à des élections», a déclaré Raymond Ndong Sima, civil nommé Premier ministre par les militaires, ajoutant que cette période pourrait être «légèrement supérieure ou inférieure». M. Ndong Sima, 68 ans, a été porté à la tête du gouvernement de la transition par le général Oligui Nguema. Il était auparavant l'un des ténors de l'opposition à Ali Bongo. Les militaires putschistes, qui jouissent du soutien d'une très grande majorité de la population et de l'opposition, assurent avoir agi pour «préserver des vies humaines» après une élections frauduleuse et pour mettre fin à la «mauvaise gouvernance» et la «corruption» dont ils accusent le clan Bongo. La Charte de transition mise en place par les militaires interdit aux membres du gouvernement provisoire de se présenter aux prochaines élections, Ndong Sima compris, mais n'exclut pas explicitement que le général Oligui puisse alors briguer la présidence. Ce dernier a également promis une nouvelle Constitution qui sera adoptée par référendum et un nouveau code électoral, avec la participation de «toutes les forces vives de la Nation».