Au nord du mali, la situation était tendue depuis plusieurs mois mais elle vient de connaître son paroxysme avec l'attaque qui a visé un camp militaire dans la ville de Bourem. Un fait qui confirme la détérioration des rapports entre les groupes de la Coordination des Mouvements de l'Azawed (CMA) et le gouvernement de transition et qui, surtout, vient nourrir les craintes d'une reprise des hostilités dans la région nord du Mali. Des assaillants s'en sont pris mardi soir à l'armée dans la ville-clef de Bourem, assurant avoir pris le contrôle du camp militaire avant de se retirer. De son côté, l'armée malienne dit avoir repoussé une «offensive complexe» faite de voitures piégées ayant entraîné la mort de dix soldats et blessé un certain nombre d'autres tandis que 46 «terroristes» ont été neutralisés. Un des groupes signataires de l'accord de paix issu du processus d'Alger, en 2015, le Cadre stratégique permanent (CSP), a revendiqué l'opération contre la ville garnison de Bourem qui «s'est soldée par le contrôle du camp et des différents postes avancés».Il y a eu «d'intenses combats», a ainsi souligné le porte-parole du CSP, Mohamed El Maouloud Ramadane. «Les groupes armés non-identifiés avaient encerclé le camp, et tournaient en ville, mais les avions ont réagi contre eux. On n'entend plus de tirs, les FAMa (Forces armées maliennes) sont dans la ville partout en nombre», a témoigné un habitant par téléphone. La ville de Bourem est un axe crucial situé près du fleuve Niger et sur la route entre Tombouctou et Gao, en direction de Kidal, le fief touareg. La menace qui plane sur l'accord de 2015 est réelle et il ne sert à rien d'en minimiser la portée. Bien au contraire, l'heure est à la prise de conscience face à une somme de manoeuvres et de calculs qui visent à saborder le processus d'Alger. Les tensions grandissantes paraissent de nature à précipiter le Mali, déjà confronté à une menace terroriste majeure, dans une situation critique, la CMA s'étant déclarée lundi dernier «en état de guerre» face aux dirigeants de la transition malienne. Voilà des mois que les signaux d'une rupture grave entre les mouvements CSP et CMA, d'une part, et les dirigeants de la transition, d'autre part, sont au rouge alors même que la crise sécuritaire est loin d'être résorbée et qu'on redoute de surcroît l'apparition d'une crise humanitaire avec le retrait prochain de la Minusma appelée à quitter le Mali. Les groupes extrémistes, dont l'Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS, Daesh) et le Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GISM - Al Qaïda) ne peuvent rêver meilleure opportunité pour intensifier leur mainmise sur les zones dans lesquelles ils sèment la terreur, comme à Tillabéri, dans la région des Trois frontières, commune au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Leur propagation ne serait nullement dans l'intérêt des peuples sahéliens.